Voici comment j'ai construit ma réflexion sur le film. Je parle des différentes sources présentent dans celui-ci et comment le montage les fait interagir. Ensuite je parle de l’éthique et du choix de certaines de ces sources, puis pour conclure, me questionne pour savoir si l’atmosphère renvoyée au spectateur est en adéquation avec l’enjeu du film.
Dans ce documentaire se trouvent de nombreuses sources permettant d’illustrer le discours des personnes interviewées et de la voix off. Nous avons donc, les entrevues on-cam, des dessins de Kurt, des pistes musicales, des photos, des pages de son carnet et des animations à l’aquarelles. Le mélange de ces sources créé un magma « sonore et visuel » comme le cite Michaël Bruce dans sa critique. Le montage exprime une discontinuité dans la forme tout en conservant une linéarité dans le fond. Parfaitement à l’image de son personnage. On obtient donc une rythmique qui va se développer de plus en plus au fur et à mesure des phases de vie de Kurt. Peu soutenue dans l’enfance, explosive à l’adolescence et dans le début de sa vie « adulte », pour finalement se poser quand on entre dans sa vie de famille.
Kurt et Courtney se sont filmés durant leurs 3 années de vie commune. Avec l’accord de Courtney, certaines images furent intégrées au montage. Elles apportent une touche de « cinéma direct » au film. Ce sont des moments de vie pris sur le fait avec le plus simple équipement. Ils permettent de plonger au sein de ce que furent les 3 dernières années de vie de Kurt, mais aussi d’introduire sa fille, Frances Bean Cobain. Dans sa critique LilleFonta explique qu’il trouve ces moments «malsains » de par leur côté intrusif. Cependant se pose une question, comment représenter la vie de Kurt en tant que père sans ces archives. L’éthique doit-elle être remise en question quand les droits sont donnés par un des protagonistes ? De mon avis je ne pense pas que dans ce cas, la place de ces archives ne soit pas légitime. Sans elles nous perdront un part de l’homme qu’était Kurt, créant un trou dans le fil narratif et dans la représentation du personnage. Elles sont essentielles pour le fond. On peut tout de même se demander si une autre forme pour celles-ci aurait été envisageable, comme l’animation déjà présente à certains moments. Comme dans Advocate de Rachel Leah Jones et Philippe Bellaiche cela permettrait de mettre en avant seulement le fond de ces images, tout en se détachant de la forme.
Au final, qu’est-ce qui ressort de ce documentaire ? De mon avis une atmosphère qui reflète parfaitement son personnage. Une narration soutenue enfouie sous de multiples formes visuelles et sonores, montées d’une main habile, sautant du dramatique à l’hilarant, nous entraînant dans « une valse onirique ». Ce montage non plus linéaire mais sur plusieurs « couches » de réalité, via différents médiums artistiques, nous plonge dans un trip hallucinogène entre onirisme et réel, qui reflète tant la drogue que les rêves d’évasions vers d’autres mondes, d'autres plans de la réalité. Une introspection profonde de cet homme qu’était Kurt Cobain.