Jeu de stups
Durant les années 90, Bertrand Tavernier aborde un nouveau pan dans son cinéma. En alternance de ses productions historiques (La Fille de d’Artagnan, Capitaine Conan), il se consacre à des...
le 19 avr. 2021
15 j'aime
On pourrait considérer ce Tavernier comme le pendant chronique du Police abstrait de Pialat et du Neige baroque de Berto & Roger. Un document sur un Paris fantomatique, junky, nocturne (quoique pas si nocturne en fait) qui ne pourrait n’être que succession de catalogue d’affaires de stups mais y débusque une vraie réflexion sur le pouvoir du cinéma en plus d’être un remarquable film de terrain et d’investigation. Que le personnage central vienne du cinéma et soit en quelque sorte un cinéaste raté reconverti dans la police et les films de mariage pour arrondir les fins de mois, crée une proximité troublante, à la fois hyper théorique mais tout autant incarnée, entre lui, le cinéaste et le spectateur. C’est un film qui gagne à être revu parce qu’il est une plongée stimulante, sans frontières, dans les coulisses de la police fauchée, près de 2h30 dans les enfers de Paris qu’on ne voit guère passer, entre planques infinies, bureaux pourris, appartements miteux. Un truc frontal, sans concession, un pur film en mouvement permanent, parfois étiré, parfois détaché, doté d’une galerie de personnages formidables et une tripotée de flics bas du front, pathétiques, brossés dans leur médiocrité sans pour autant ôter un certain attachement, manifesté entre humour et tendresse – Blagues bien grasses, running gag du seau d’eau, entre autre. C’est souvent bien agencé. Seul bémol, L627 est beaucoup trop écrit, c’est ce qui m’avait considérablement gêné la première fois, certains dialogues semblent un peu trop bien organisés, mais c’est fait avec une telle générosité, un tel sens de la mise en scène qui ça rattrape haut la main les quelques trop plein d’écriture, notamment lorsqu’il veut faire rire, être en quête de la bonne vanne, du découpage parfait de l’utilisation de la parole. On a en effet parfois l’impression que c’est elle qui crée le montage, c’est vraiment mon seul reproche – le Polisse de Maïwenn, que je ne déteste pas par ailleurs, s’est vraiment mal inspiré du Tavernier à ce sujet, seulement dans ses excès en fait. Pour le reste, j’aime que L627 commence, termine, sans réel début, sans réelle fin. Qu’il ne soit que des prolongements, des continuités. Grand film, qui gagne donc à être revu.
Créée
le 17 mai 2015
Critique lue 777 fois
9 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur L.627
Durant les années 90, Bertrand Tavernier aborde un nouveau pan dans son cinéma. En alternance de ses productions historiques (La Fille de d’Artagnan, Capitaine Conan), il se consacre à des...
le 19 avr. 2021
15 j'aime
L 627 est un film de Bertrand Tavernier qu'il a coécrit avec Michel Alexandre, ancien flic et qui a collaboré par la suite avec André Téchiné pour Les Voleurs et Le Cousin de Alain Corneau. Ce film...
Par
le 28 févr. 2014
14 j'aime
1
Et vlan, les pieds dans le plat ! Telle fut la réaction qui accompagna la sortie du réquisitoire de Bertrand Tavernier. Une attitude qui pouvait aussi bien se lire comme une marque d’admiration que...
Par
le 20 sept. 2015
13 j'aime
3
Du même critique
Quand Grave est sorti il y a quatre ans, ça m’avait enthousiasmé. Non pas que le film soit parfait, loin de là, mais ça faisait tellement de bien de voir un premier film aussi intense...
Par
le 24 juil. 2021
33 j'aime
5
J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...
Par
le 21 nov. 2014
33 j'aime
5
Il est certain que ce n’est pas le film qui me fera aimer Star Wars. Je n’ai jamais eu de grande estime pour la saga culte alors quand j’apprends que les deux films sont sortis en même temps en salle...
Par
le 10 déc. 2013
28 j'aime
8