L.A. Confidential est un film policier américain divertissant pour qui aime les scénarios soigneusement construits bien que anticipables, avec une intrigue bien ficelée à défaut d’être originale, et des personnages attachants même si facilement cernables.
Curtis Hanson nous propose un film scolaire avec un casting de choix. Les personnages servent bien le récit mais restent très caricaturaux. En effet, à part le personnage de Jack Vincennes interprété par Kevin Spacey, la nuance n’est pas la qualité première des scénaristes.
On regarde le film accompagnés de :
• L’Officer Bud White ( Russell Crowe) , brute au cœur tendre qui ne supporte pas que l’on brutalise les femmes mais qui use volontiers de ses poings en guise de ponctuation physique. On devine un passé familial douloureux d’abord parce que c’est un ressort classique de la description du personnage Américain, un comportement ne peut être expliqué autrement que par un traumatisme passé qui en fera un adulte binaire. Ensuite, parce que lorsque le Capitaine Dudley Smith aborde le sujet autour d’un verre, Bud esquive mécaniquement, refusant de faire tomber le mur qui le sépare de ses sentiments.
Seule l’envoutante Lynn Bracken (Kim Basinger), plus belle encore que Veronica Lake, saura apprivoiser l’animal à la main de fer et au cœur de velours.
• Du Lieutenant-Inspecteur Ed Exley(Guy Pearce), un personnage intègre et appliqué qui ne manque pas d’ambition. Sa vocation s’explique par l’aura vertueuse de son père, ancien Détective de la LAPD, mort pendant l’exercice de ses fonctions. Exley veut tendre vers cette figure immaculée du patriarche et attraper « the guys who thought they could get away with it ». Pendant le déroulement de l’intrigue, les préjugés moraux ainsi que la candeur du Lieutenant seront mis à l’épreuve.
Le héro à la mâchoire carrée en sortira plus mûr et grande star du casting du Los Angeles Police Departement (LAPD).
• Le Sergent-Inspecteur Jack Vincennes, dont le nom est un clin d’œil à James Ellroy, l’écrivain du livre qui a inspiré le film. Jack aime le son que fait un billet lorsqu’on le frotte, même s’il trouve qu’il n’a pas d’odeur. S’il est doucement corrompu et envoi sans ciller son poing dans la figure d’un mexicain qui ose tacheter sa chemise de sang, Jack possède une certaine intégrité et conserve un respect pour la fonction qu’il occupe. C’est un personnage malicieux et égoïste qui n’hésite pas à se ranger du côté de la bonne cause pour peu qu’il y gagne quelque chose. Il connait bien les rouages de la LAPD et navigue à vu dans cette mer qui regorge d’animaux corrompus.
Le film fonctionne bien parce qu’il est appliqué, consciencieux. La réalisation est nette, les différentes trames s’imbriquent parfaitement les unes dans les autres et les 2h15 de film ne se font (presque) pas sentir. Même si le scénario est facilement anticipable pour qui a déjà vu un film du genre et que pas mal de clés de lecture sont distillées tout au long du récit, il est intéressant d’en observer la construction ainsi que la façon dont Curtis Hanson nous amène jusqu’au dénouement final.
Quatre scènes se distinguent dans le film : La découverte de la tuerie du Nite Owl par l’agent Exley; Bud White qui venge une femme victime de viol, armé d’une idée de la justice bien à lui ; Exley qui explique à Jack pourquoi il est devenu policier ; et Jack qui demande à Dudley Smith quelques précision sur une ancienne affaire au beau milieu de la nuit.
On appréciera la dimension non religieuse du film dans la cité des Anges. Aucun caméo de bible, aucune référence à la moralité supérieure ou au jugement de Dieu. Personne ne jure, personne ne promet, personne ne bénit l’Amérique ou les américains. Ça évite quelques lourdeurs aux dialogues et c’est assez agréable pour le faire remarquer.
L’aspect le plus réussi du film, à mon sens, c’est l’encrage du lieu. Les plans d’ouverture sont décrits comme suit dans le Script :
« Los Angeles. A place where anything is possible. A place where
dreams come true. As the sky darkens, triple kleigs lights begin to sweep back and forth. ».
Tout est possible, donc, et les projecteurs sont omniprésents, omnipotents presque, à Los Angeles.
Les policiers sont à la fois des justiciers qui combattent le crime et les héros quotidien du public Angeleno. La dualité des rôles acteur/policier est bien sûr incarnée par Jack Vincennes dont même le patronyme ressemble à un nom de scène. Jack est bon enquêteur mais n’hésite pas à se mettre en scène régulièrement dans ses arrestations, pour le plus grand bonheur de Sid Hudgens, journaliste de presse à scandale qui lui échange volontiers quelques billets contre une photo racoleuse en page 4. Jack est également conseillé technique de la série « Badge of honor », ce double képi ne peut être possible ailleurs que dans la ville Californienne. Le procureur de district Loew ainsi que le Chef de la Police affectionnent également être sous le feu des projecteurs et font presque office de directeurs de casting. A plusieurs reprises, les habitants de Los Angeles sont considérés comme un public. La première, lorsque Bud, Exley et Jack défilent à tour de rôle dans le bureau du chef. La scène arrive après une première présentation des personnages et permet d’affiner les traits de caractère de chacun.
Exley : The public demands justice, sir.
Le Chef : I want to know who we give the
public in contrast? The
department needs role models.
Clean-cut, forthright men the
public can admire.
La deuxième arrive à la fin. Loew et le chef de la police sont assis dans leurs fauteuils et observent Exley relater les événements du Victory Motel.
D.A. Loew: The press would have a field day with this.
Le Chef: (a beat) When in doubt, feed them a hero.
In this case, we'll need more than one.
The show must go on.
Que les vices continuent dans la Cité des Anges.