L'Abîme Beau

L'Abîme des Enfers est un petit film d'horreur polonais disponible sur Netflix et réalisé par Bartosz M Kowalski a qui l'on doit la double ration Nobody's Sleeps In The Wood Tonight, deux petits slashers convenus mais pas désagréables. Cette fois ci le réalisateur semble passer à la vitesses supérieure et nous offre un thriller dont on retiendra surtout l'ambiance étouffante et quelques marquantes visions horrifiques.

Puisque c'est déjà révélé dans le résumé du film je ne divulgâcherais rien en disant que le film raconte l'histoire de Marek un flic infiltré dans un vieux monastère afin d'enquêter sur une série inquiétante de disparitions de jeunes femmes. Sur place ce flic va découvrir qu'au sein d'une vie rigoureuse et ascétique les moines pratiquent de nombreux exorcismes afin de survivre des donations du Vatican. Il découvre aussi que cette confrérie de moines ne vénère pas forcément que dieu …

La grande force de L'Abîme des Enfers c'est incontestablement son ambiance crasseuse, froide et anxiogène. Le rythme assez lent du film, le choix d'une mise en scène bien plus pesante que virevoltante, la photographie bleutée glaciale du film, le silence monacale, le très bon score de Carl-Johan Sevedag tout concours à imposer au film une ambiance dense, lourde et prégnante de terreur et d'inconfort. Dans ce monastère coupé du monde et sans électricité, tout semble crasseux, âpre et rigoureux comme l'inconfort d'une robe de bure sale et urticante portée à même la peau. Dans ce joyeux monastère on pratique donc des exorcismes glauques à la lueur des bougies et l'on bouffe en silence dans des écuelles métalliques pour chiens galeux un immonde ragoût à la couleur plus douteuse que le Klug de monsieur Preskovic. L'Abîme des Enfers est un pur film d'ambiance qui distille un bon sale petit sentiment d'inconfort comme un léger frisson dans la colonne vertébrale. Pour ne rien gâcher, faisant fi du moindre effet facile de jump scare, le film est traversé de quelques visions horrifiques marquantes dont l’apparition d'un chouette démon venant carrément et littéralement renverser l'ordre christique du monde.

Sans grandes stars (du moins en France) mais avec de très solides comédiens polonais le film s'offre un très bon casting avec des acteurs qui ont délicieusement les gueules de l'emploi. Piotr Zurawski est parfait dans son rôle de flic sous couverture doucement débordé par les événements et à ses côtés on retrouve des comédiens qui comptent souvent des centaines de rôles au compteur dans leur pays et qui méritent d'être cités comme Olaf Lubaszenko, Sebastian Stankiewicz et Lech Dyblik (Merci IMDB je ne vous ferai pas l'affront de croire que je les connaissais avant). Là ou la bas blesse un peu c'est dans le récit lui même qui n'offrira que peu de surprises aux amateurs rodés au cinéma de genre. Pas désagréable pour autant et malgré quelques rebondissement bien venus on ne sera jamais vraiment surpris par la conduite globale du récit. On notera toutefois avec bonheur quelques petites charges contre l'hypocrisie religieuse et la très libre interprétation de textes anciens qui viennent renforcer un scénario carré mais sans fulgurances.

L'Abîme de l'Enfer est une bonne petite surprise, un de ces films noyé dans la masse des œuvres proposés pour abreuver les catalogues sites de streaming et qui sans payer pas de mine s'avèrent au final suffisamment bien torché pour passer un bon moment et laissez quelques souvenirs un peu moins périssable que la moyenne. Pour son ambiance et ses quelques belle visions horrifique le film de Bartosz M Kowalski mérite le coup d’œil.