... Words fail me, gentlemen."
J'ai bien aimé le voile potache qui flotte sur le film, volontairement ou non, et qui suit les pérégrinations macabres de Vincent Price dans sa quête de vengeance complètement insensée. Pour punir les chirurgiens et assimilés qu'il considère comme responsables de la mort de sa femme, suite à une opération chirurgicale ayant visiblement mal tourné (on n'en sait pas beaucoup plus), il se lance dans une série de meurtres tous plus improbables les uns que les autres.
Et c'est bien la mise en scène de ces meurtres qui fait tout le sel du film, Robert Fuest a beau ne pas être le plus fin réalisateur du siècle, on enchaîne les délires macabres avant tout pour le plaisir de voir quelle idiotie va nous être montrée pour tuer le prochain sur la liste. C'est là où j'ai un doute quant à l'ambiance du film, vu d'aujourd'hui : est-ce que ce sentiment d'excès idiot était présent il y a 50 ans, et était-il recherché par la production ? Non parce que le coup des chauve-souris déposées dans la chambre par le toit, le coup des rats dans l'avion, le coup des sauterelles envoyées par un trou après avoir recouvert la victime de sirop de choux de Bruxelles, le coup du gars empalé par une licorne dorée, le coup de la grêle pour refroidir l'habitacle d'une calèche, tout cela est aussi grotesque que drôle... C'est un plaisir de grand n'importe quoi. Et le tout dernier acte, avec chirurgie sur son propre fils pour retrouver une clé et empêcher un acide mortel de lui trouer la tête, c'est vraiment la cerise sur le gâteau.
Vincent Price avec son maquillage dégueulasse (son visage est censé en cacher un autre) est l'une des nombreuses composantes qui sortent de nulle-part, au même titre que la mise en scène chez lui façon Phantom of the Paradise croisé avec The Phantom of the Opera que je ne supporte pas plus ici que dans l'original. Le niveau de sadisme rejoint le niveau de bizarrerie des mises à mort, et c'est cette loufoquerie qui est censée matérialiser un amour fou, de la plus répétitive des façons.
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