Accompagnatrice, Romane Bohringer l'est à double titre. Elle accompagne au piano la célèbre diva Irène Brice, mais plus encore, Sophie la suit dans ses moindres déplacements. Car le couple que forment la célèbre chanteuse et son mari Charles devient insensiblement une seconde famille pour la jeune fille précisément en quête de chaleur, de rêve et d'affection.
Cette adoption mutuelle émane de la double fascination que ressent Sophie, l'une provoquée par l'artiste, l'autre par la mère idéalisée, et baigne dans une atmosphère intimiste de douleur et de non-dits. Les sentiments sont troubles, comme l'est la période de l'Occupation pendant laquelle l'intrigue se déroule, comme l'est l'attitude du mari vis-à-vis de l'occupant.
Ce drame de l'équivoque est le troisième portrait de jeune fille que réalise Claude Miller après "L'effrontée" et "La petite voleuse". On y retrouve la même sensibilité et un réalisme analogue dans la description psychologique et sociale du personnage. On peut toutefois reprocher au cinéaste une certaine affectation dans la souffrance, laquelle se traduit le plus souvent par d'impudiques gros plans sur le visage mélancolique de Romane Bohringer. Les comédiens n'en sont pas moins excellents.