Victime d'une justice qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, victime plus loin d'un surveillant de prison psychopathe, Bruno, citoyen ordinaire et paisible, découvre et fréquente l'univers carcéral bien plus longtemps que n'aurait du le lui valoir son empoignade avec un vigile de supermarché.
Les circonstances malheureuses qui maintiennent Bruno en détention sont certes plausibles mais Denis Amar les additionne avec une telle légèreté, avec tellement de complaisance, qu'on n'a guère envie d'y croire. C'est le premier point qui nous détache de la fiction d'Amar. Le second est lui quasiment rédhibitoire et relève de l'insincérité des personnages, des figures typées complètement dépourvues de vérité psychologique. Soumis à la rancune du mâton Lorca, au racket de congénères violents, Bruno se comporte déjà en vieux briscard des prisons et l'interprétation de Richard Berry ne traduit certainement pas le désarroi et les états d'âme de l'innocent confronté à l'injustice et à un milieu de violence inconnu. De cet univers carcéral, Amar donne une image réductrice et spectaculaire, fondée sur les lieux communs bien plus que sur une quelconque authenticité. La pauvreté des personnages (on touche même au grotesque et à l'incohérence avec le rôle féminin), la "frime" des dialogues et la platitude de l'action introduisent un climat haineux et brutal en tout point factice. Malgré la matériau dramatique dont il dispose-le décor glacé d'une prison ultra-moderne- Amar ne parvient même pas à créer une ambiance singulière, à imaginer une mise en scène stylisée. De fait, l'action est aussi banale qu'insignifiante.