John Milius est un réalisateur paré à l’exercice du récit historique, du récit guerrier, et même du récit d’héroic-fantasy. Sa filmographie en témoigne avec «Le lion et le vent», «L’aube rouge», «Conan le barbare». Alors qui mieux que lui pouvait adapter à l’écran le roman «L’adieu au roi» de Pierre Schoendoerffer. Un scénario d’aventures synthétisant tout le cinéma cher à Milius. «L’adieu au roi» ou l’histoire d’un homme blanc, roi d’une tribu sous fond de seconde guerre mondiale ! On pense bien sûr au film «Apocalypse Now» dont Milius fut coscénariste, mais ici le héros, Learoyd (génial Nick Nolte) ancien officier américain déserteur devenu roi d’une tribu sur l’île de Bornéo est l’antithèse du colonel Kurtz (Brando) autoproclamé seigneur de guerre à la tête d’une armée de fanatiques. Learoyd est un idéaliste que la guerre viendra débusquer qui trouvera un sens à sa vie au cœur de cette jungle dure mais préservée. La petite histoire de Learoyd et son peuple se confondra avec la grande histoire quand deux officiers anglais seront parachutés en pleine jungle pour convaincre les tribus indigènes de prendre part au conflit contre l’armée nippone. Fascinés par le charisme de Learoyd et considérés comme des alliés, les officiers anglais seront malgré eux les messagers du chaos en devenir. La guerre n’a pas de frontière et le petit royaume de Learoyd n’y résistera pas ! On peut résumer le film par cette phrase : «Je n’ai pu changer le monde, je vais alors créer le mien !» Une fresque humaniste et utopique, tragique et magnifique à la fois, magnifique comme les paysages sauvages d’une jungle qui fut un instant, une enclave de paix dans un monde en conflit.