Escroquerie historique
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Forcé d’abandonner la compétition après une grave blessure à l’oeil qui a manqué lui faire perdre la vue, l’ancien poids lourd Ernie Driscoll conduit un taxi en espérant un jour pouvoir ouvrir sa propre station-service. Une perspective assez peu glamour qui ne convient pas du tout à sa femme Pauline, une ex-danseuse de cabaret qui rêve d’une vie de luxe et reproche à son mari son manque d’ambition. Alors qu’il se rend au magasin où travaille Pauline pour lui offrir une boîte de chocolats, il la surprend en train d’embrasser un inconnu. Totalement abattu par sa découverte, Ernie se réfugie dans son bar habituel pour ruminer sa rage et son chagrin. C’est alors qu’il est abordé par Linda, une amie comédienne qui le supplie de l’accompagner dans le théâtre où elle venait de se présenter pour une audition. Sur place, Ernie découvre le cadavre du metteur en scène que Linda prétend avoir tué en état de légitime défense. C'est le début d’une nuit de tous les cauchemars pour le malheureux chauffeur de taxi recherché à la fois par la police et une bande de gangsters très peu accommodants...
Ce petit bijou de série noire prouve une chose: même une histoire truffée de coïncidences scénaristiques difficilement crédibles peut s’avérer palpitante lorsqu’elle est racontée par un metteur en scène aussi inventif et épris de réalisme que Phil Karlson, un spécialiste du polar urbain, à l’aise «dans la jungle des villes comme un poisson dans l’eau» (Coursodon et Tavernier). Auteur une année plus tôt des excellents Kansas City Confidential et Scandal Sheet, Karlson déroule de main de maître une succession ininterrompue de péripéties haletantes et de renversements de situation inattendus, parsemés de scènes de castagne particulièrement musclées pour l’époque. Habituellement confiné à des rôles sans grande envergure dramatique dans des séries B fauchées, John Payne donne certainement ici l’une de ses meilleures interprétations dans la peau de ce costaud sympathique mais un peu trop naïf qui laisse exploser une violence trop longtemps contenue lorsqu’on le pousse à bout. Le film regorge d’idées de mise en scène, à l’instar de la séquence d’ouverture, un match de boxe d’une extrême brutalité dont on découvre qu’il s’agit d’une émission de TV rediffusée trois ans après les faits qui ont interrompu la carrière du personnage de John Payne. Vers la fin du film, la scène où l’excellente Evelyn Keyes joue les allumeuses pour s’approcher du gangster qui a tué la femme de Payne est absolument délicieuse, tout comme l’ultime et virtuose poursuite à travers les docks qui verra enfin le malheureux héros triompher des coups du sort qui l’accablent.
Créée
le 28 août 2020
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