Un film qui fleure bon le punk-rock anarchiste underground des 80's, avec ses images post-apocalyptique baignées au filtre bleu et son tropisme pour les cités industrielles abandonnées et pourries par la rouille.
Mais, passé ces considérations qui peuvent d'emblée réjouir tous les amateurs de cinéma anti-conformiste, il faut bien reconnaître que ce premier long-métrage de F.J Ossang est considérablement décevant et loin des attentes espérées.
On soupçonnait déjà une oeuvre tournée à la hâte selon les bonnes vieilles méthodes du cinéma guérilla avec un budget minuscule, mais pas de là à s'attendre non plus à un tel amateurisme dans la mise en scène, la direction et la diction des comédiens, et jusqu'à la prise de son !
De même, "L'affaire des divisons Morituri" est tout simplement incompréhensible tant le scénario se perd en conjecture dans diverses intrigues et sous-intrigues passablement inutiles, en essayant d'étaler sur tout juste 75mn de métrage toutes les obsessions et rancœurs de cette époque allant du terrorisme d'extrême gauche à la montée de l'ultra-libéralisme à la Reagan/Thatcher, en passant par l'explosion des groupuscules d'extrême droite ouvertement néo-nazi et leur corollaire anti-fasciste (ou se prétendant tel quel).
Au final, là où l'on aurait pu s'attendre à un film coup de poing, rageur et inventif, nous nous retrouvons face à une oeuvre fade, fourre-tout et beaucoup trop ambitieuse pour un débutant.
Est-ce l'oeuvre d'un puceau du cinéma qui a prétendu casser la baraque, les codes et les conventions sans les connaître ou le symptôme d'embourgeoisement d'un punk de province ?
Difficile à dire...