Dans la série des films "Je ne fais que l'acteur mais poussez-vous que je regarde dans le viseur quand même", il y a, semble-t-il, L'affaire Menderson / Trent's last case
D'après Imdb, Orson Welles cherchait des financements pour boucler son Othello. Il accepta donc la proposition de son ami Herbert Wilcox qui lui proposait un petit rôle. Welles aurait filmé les scènes où il apparaît et aurait écrit ses dialogues (avec un échange assez croustillant sur Othello justement)
On va pas se mentir : la présence furtive de Welles est bien le seul, et modeste, intérêt de cet anecdotique petit film noir anglais, assez fauché et aussi platement filmé que photographié. Sans doute pour raison économique (et par fainéantise ?) Wilcox tourne beaucoup en plan-séquence qui sont très statiques et assez peu stimulants. C'est pour ainsi dire du théâtre filmé malgré quelques prises jouant un peu plus sur le déplacement des acteurs dans le cadre.
L'histoire, comme les personnages, sont tout autant insignifiant où un détective est persuadé qu'un suicide cache un meurtre.
Welles n'apparait qu'au bout d'une heure (!) et pendant seulement une douzaine de minutes mais relance heureusement une machine qui tournait sacrément au ralenti jusque là. Orson vient gripper la machine avec un personnage ambigu et troublant qui pervertit des personnages jusqu'à terriblement fades. Un certaine tension un peu malsaine se distille alors grâce à la présence écrasante du personnage, son regard hypnotique et son phrasé tout en nuances menaçantes.
On voit en effet que Welles est venu régler deux trois-trucs sur le plateau puisque l'éclairage de ses gros plans est autrement plus composé que le reste du film qui manque cruellement de relief. Quelques plans larges sont également légèrement plus inspirés et Welles retrouve par moment la stature de monstre blessé de Citizen Kane (la plongée en plan large où il se trouve seul dans un hall désert).
Bref, c'est avant tout un petit plaisir de complétistes. Les amateurs de cinéma peuvent continuer sans s'arrêter même si le dernier tiers se montre plus sympathique et retors (avec une scène finale à la limite du grotesque par contre)