Un honnête thriller politique sans prétention

John Grisham fait parti de ces auteurs qui voient la quasi-totalité de leurs œuvres adaptées au cinéma (des noms aussi connus que Stephen King, Dennis Lehane, Michael Connelly…). Et parmi les livres de Grisham, nous avons comme long-métrages La Firme, L’Idéaliste, Le Client, Le droit de tuer ? et Le Maître du Jeu. Sans oublier le film dont nous allons nous intéresser ici : L’Affaire Pélican, par le réalisateur de Présumé innocent et le futur cinéaste d’Ennemis rapprochés (son dernier film).

Tout commence par les meurtres de deux magistrats de la Cour suprême. Affaire vite classée mais pas pour Darby Shaw, une étudiante en droit qui va s’y intéresser, émettre une hypothèse jugée folle et tout réunir dans un dossier. Qui traversera alors les différentes instances fédérales du pays jusqu’à remonter au bureau du Président des États-Unis lui-même. Dès lors, la pauvre Darby va être menacée, poursuivie et voir ses proches mourir. Elle ne peut compter que sur l’aide d’un journaliste, enquêtant lui aussi sur la mort mystérieuse des deux hommes. S’enchaîne alors une course contre la montre afin de découvrir la vérité : pourquoi un dossier touchant un membre haut placé de la hiérarchie réveille-t-il autant de tueurs ? Telle est cette mystérieuse affaire Pélican, jugée pourtant comme ridicule !

D’ailleurs, nous ne serons pas dès le début sur quoi repose ce dossier. Au contraire, tout nous sera révéler au fur et à mesure que le film avance. Et même si l’idée que le Président en personne serait lié à l’affaire nous semble fort probable dès le début (l’arrivée du dossier à son bureau, l’inquiétude de son subordonné…), L’Affaire Pélican étale parfaitement son lot de suspense. Enfin, nous en sert suffisamment pour ne pas nous désintéresser. Car, tout hollywoodien comme il est, le film ne se préoccupe que de ce qu’il a à raconter, c’est-à-dire une histoire de thriller politique bien mené, qui tient en haleine jusqu’au dénouement. Sinon, L’Affaire Pélican n’a pas grand-chose à offrir, notamment du côté des personnages. Pas vraiment travaillés, il faut bien le dire ! Par exemple, nous aurions pu avoir un Gray Grantham (le journaliste venant en aide à Darby) moins cliché qu’il ne l’est là (étant le héros, il est donc sympa, rend service à n’importe qui, a un excellent fond…). Efficace pour tenir en haleine, mais tellement hollywoodien pour se reposer sur ses lauriers pour ne pas étendre les différentes trames qu’offrait pourtant le scénario (et le livre, par la même occasion).

Au lieu de ça, L’Affaire Pélican se montre comme une enquête basique. Mais au final, il n’y a pas que le script qui se montre assez fainéant pour sortir des sentiers battus. Même la mise en scène d’Alan J. Pakula n’aide pas vraiment le film à s’extirper des autres longs-métrages du genre. Non pas qu’elle ne soit pas efficace, loin de là ! Certaines séquences étant assez tendues pour titiller notre curiosité (la scène du parking, l’assassinat de quelques personnages secondaires…). Mais à aucun moment nous ne distinguons d’effets ou de plans qui auraient donné à cette Affaire Pélican une ambiance, une tension encore plus palpable que ce qu’il nous est offert ici. Comme si le film ne mettait qu’en avant son casting (j’y reviendrai après) et son enquête, sans jamais vouloir réellement prendre son envol. Vraiment dommage !

Heureusement que le film propose des acteurs de renom, qui permettent de donner à chacun des personnages toute la sympathie (ou le renie) dont il a besoin. À commencer par Julia Roberts (alors vue dans Pretty Woman et Hook ou La Revanche du Capitaine Crochet), qui, par sa présence, honore le livre de Grisham (et pour cause, pour l’écriture du personnage, l’auteur s’était inspiré de l’actrice) en interprétant cette fragile étudiante sur qui le malheur ne cesse de tomber depuis qu’elle a pondu ce fameux dossier. Et puis, quand Denzel Washington est dans les parages, il n’y a toujours rien à redire de la part de cet excellent acteur (à l’époque tout juste sorti de Malcolm X), charismatique et attachant au possible. Sans compter les nombreux seconds rôles (Sam Shepard, John Heard, Tony Goldwyn ou encore John Lithgow) qui servent ce film avec savoir-faire.

Voilà ce qu’est L’Affaire Pélican : un honnête thriller politique qui ne propose rien d’autre que du suspense et de bons acteurs pour assurer le divertissement. Certes, on aurait préféré avoir bien plus que cela, mais face à ce que peut nous livrer Hollywood de nos jours (souvent des nanars de genre qui n’arrivent jamais à égaler ces anciens films tel que L’Affaire Pélican), on ne va franchement pas cracher dessus !

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7

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