"L'affaire Pelican", c'est un thriller de Alan J Pakula tiré d'un best-seller de John Grisham (que je n'ai pas lu). Suivant la bonne règle du genre, on ne comprend rien au début. Puis peu à peu, à force de voir les acteurs se démener avec des regards entendus, on finit par assimiler quelques informations pour comprendre soit qu'il n'y a rien à comprendre soit que c'est tellement compliqué que ce n'est pas utile de comprendre dans le détail.
Là visiblement, on est dans le dernier cas. Une étudiante en droit, Darby Shaw, qui prend des cours particuliers avec son prof au lit, émet une hypothèse hardie sur la mort accidentelle de deux juges de la cour suprême des USA, passée inaperçue. L'hypothèse d'un double assassinat pourrait mettre carrément en cause le FBI et le président des Etats-Unis, unis dans les mêmes corruptions. Y a pas, les étudiants en 1993, c'est plus ce que c'était et c'est plus ce que ce sera…
Evidemment si je sors les mots clés suivants "pétrole", "environnement", "financement campagne électorale", j'ai le tiercé gagnant autour duquel il suffit de broder un canevas avec des barbouzes, en veux-tu en voilà, chargées d'éliminer tout ce qui peut gêner. Et il y en a des témoins gênants à éliminer.
Il ne reste plus à notre étudiante qu'à fuir tous ces malotrus qui en veulent à sa peau. Cependant, elle finit, quand même, par se faire aider par un talentueux journaliste d'investigation du Herald Tribune, grand pourfendeur devant l'Eternel de tous ces politicards pourris, prêts à tout pour pouvoir grimper sur la dernière marche …
Déjà l'histoire ne casse pas trois pattes à un canard. Trop alambiquée, trop floue, trop opportuniste, pas assez subtile, trop manichéenne, elle passe mal l'épreuve du temps. Trop de questions basiques que se pose le spectateur et qui ne trouvent jamais de réponse montrent les faiblesses du scénario. L'avalanche de morts pour protéger un secret d'Etat et le président par la même occasion ? Je dis non. Dans la vraie vie, on jetterait l'éponge bien avant d'en arriver là tout simplement parce qu'il y a bien trop de monde dans la confidence. Et qu'un secret, dans ce domaine, n'est juste que quelque chose qui ne se dit qu'à une seule personne à la fois …
Côté casting
Le personnage central du film, cette étudiante qui a mis le doigt là où il ne fallait pas, est interprété par Julia Roberts. Elle reste crédible dans son personnage "fragile" dans sa fuite pour échapper au malfaisants qui la poursuivent.
Spoiler : même si on comprend qu'elle est protégée à son insu par une entité pas trop bien définie, qui constitue une des ficelles un peu grossière du scénario
Denzel Washington dans le rôle du journaliste tient à peu près la route ; d'abord parce que l'acteur est un habitué de ces rôles politiques et ici joue son rôle de journaliste d'investigation avec les habituelles difficultés hiérarchiques ou politiques. Cependant, le personnage reste lisse et un peu trop empathique. Un journaliste qui s'occupe d'affaires politiques habituellement tordues et brûlantes devrait être au moins aussi tordu et brûlant.
D'un point de vue mise en scène, ces faiblesses scénaristiques et ce duo, qui fonctionne pourtant bien, trop lisse, trop sympathique, se paient cash. Le suspense qui est le ciment de ce genre de film est presqu'inexistant. Quant à la fin, elle est dans la continuité du film décevante et très convenue.
Au final, le film se regarde au moins pour voir évoluer le tandem Julia Roberts/ Denzel Washington. Mais tout cela manque un peu de caractère ou de nerf qui auraient aidé à dynamiser le film et surtout à le crédibiliser.