Vous avez aimé Night Call avec Jake Gyllenhaal? Denzel Washington, vous êtes fan? Alors vous devriez adorer L'affaire Roman J. Ce thriller, dramatique, judiciaire et comique mettant en scène un Denzel Washington étonnant de par son importante transformation physique, dresse le parcours d'un avocat en total décalage avec la société qui remettra en cause l’engagement qui a déterminé sa carrière et sa vie.
Crise existentielle pour avocat dévoué à son job
Denzel Washington est le plus grand de tous les acteurs américain. Ca, ce n’est pas une nouveauté. Carrière impressionnante, du haut de ces 63 ans, l'acteur n'a plus à faire ces preuves. Et pourtant, à chaque nouveau film, il parvient toujours à surprendre ses fans et ses détracteurs. Pour L'affaire Roman J.Israel, Denzel étonne, encore, faisant du personnage qu’il interprète, un personnage unique.
C'est déjà d'un point de vue physique qu'il surprend. En effet, grosse prise de poids, facette sur les dents de devant, coupe afro digne de Don King, lunettes de vue, petit costume vieillot, vieux walkman qu'il ne quitte jamais, petit bidon, tenue un peu voutée, nous ne sommes pas dans les années 70, mais Roman, lui, dans son cœur, il y est toujours. Pour citer une scène : Roman reproche à deux jeunes hommes de ne pas avoir laissé de places assises à deux femmes restées debout au fond de la salle. Problème, le monde a évolué, certaines femmes ne ressentent pas ce besoin d’être secourue. Forcément, il y aura un clash entre l’ancienne et la nouvelle génération. On retrouve l’esprit du militantisme de ces années là.
La société d'aujourd'hui, il ne l'aime pas. Boulot ou famille, il a fait son choix. Dévoué à son travail, sans famille, sans amis, vivant dans un petit appartement tout simple à coté d’un autre immeuble en construction, Roman à tout pour être comme ces autres avocats où fortune, luxe et gloire leur souri. Et pourtant, tout ça, il n’en veut pas. Il a décidé de ne pas se soumettre au matérialisme, se consacrant uniquement à tenter de rendre justice à ceux accusés à tord, tout en faisant face de nouveau au racisme, toujours présent. Mais quand un concours de circonstances lui faire prendre une décision qui ne sera pas sans lourdes conséquences, Roman changera, découvrant l’autre homme qu’il pourrait être.
Lui qui a toujours défendu les droits de l’homme, lui qui c’est toujours conformé aux lois, va les enfreindre pour la première fois de sa vie. D’un homme d’une justesse et d’une manière de vivre si pure au point de passer aux yeux des autres pour un type bizarre, notre avocat va franchir la ligne. L’histoire de ce personnage au look extravagant et à la manière de vivre plutôt marginale pour un avocat force le respect.
Roman est un homme juste. D’ailleurs, s’en est flippant. L’injustice, l’irrespect, les gens ne respectant pas les règles établies dans la société, il ne supporte pas. De son statut d’avocat, il tente donc de mettre ses connaissances, son don de la mémoire, son intellect, pour remettre ce petit monde de plus en plus perverti et puéril à sa place. Et tant pis s’il doit se mettre bon nombre de personnes à dos. Roman moralisateur ? Non, le but de ce film n’est pas de jouer les moralisateurs, plutôt de voir à travers les yeux d’un homme ne pouvant pas s’empêcher de dire la vérité. C’est dans sa nature, et ça, cette manière de penser, d’agir, ça pourrait changer les gens.
Les vrais ennemis ne sont pas à l’extérieur mais en nous même.
Roman J.Israel, cet avocat qui s’opposait constamment à un système injuste
Denzel Washington n’en finit pas d’offrir des personnages dont ont aurait envie de taper la discute le temps d’un repas (même à Macdo, c’est pas grave !). Réfléchit, son personnage a saisi la manière dont notre société fonctionnait. Contrairement à d’autres faisant l’autruche, lui, veut que les choses bougent, que ces confrères traitent leurs affaires de manière plus juste. Face à eux, il n’a pas la patience, dit tout haut ce qu’il pense. Très spirituel, Roman, jusqu’à présent, voyait sa vie tourner autour de deux choses : son patron, et la loi. Que ce passe-t-il quand on retire une de ces deux choses ?
En parallèle, il se liera d’amitié avec une jeune bénévole admirative dont il finira par tomber amoureux. Point comique, Roman n’a visiblement jamais eu d’histoire d’amour. Sans encombrer l’histoire et nous basculer dans le monde des bisounours, ce minuscule passage montrant notre personnage maladroit et bafouillant, ne manquera pas de vous attendrir.
Alors que la première partie de film illustrera tout ça, la dernière heure, après nous avoir faire basculer dans une sorte de feel good movie transpirant la joie de vivre, se termine par quelque chose d’à la fois poignant, sombre, tragique, concluant cette jolie histoire en une notre remplie d’espoir.
Comme pour Nightcall, L'affaire Roman J.Israel explore de manière inédite la cité des anges. Visite du célèbre Staples Center, Fashion District, la mythique jetée de Los Angeles avec sa fête foraine, ce film et Night call ont un point commun: ils racontent tous les deux l'histoire de deux personnages décalés refusant d'entrer dans le même moule que bon nombre d'hommes et de femmes peuplant notre terre. Ces deux films ont un autre point commun puisqu'ils critiquent le système, un système défaillant que tente de réparer nos personnages payant très cher leur combat.
Soyez rassuré, L’affaire Roman J, contrairement à Night Call se veut moins cynique. Pour finir, on assaisonne le tout avec une bande son aux petits oignons signée James Newton Howard et quelques morceaux très funk rappelant ces petits films issus de la blacksploitation.
Un acte ne rend une personne coupable que si son esprit l’est
également. C’est évident.
Au final, à tous les fans de philosophie, de système pénal, de comédie, de drame, de valeurs humaines et de Denzel Washington, L’affaire Roman J est faite pour vous. Passé inaperçu lors de sa sortie au cinéma, ce film, pourtant prodigieux sur bien des points, aurait mérité une meilleure réputation. L’affaire Roman J, ce film qui forçait respect et admiration.