Trio d'incidents sur les voies ferrées japonaises

Enquête policière sous la forme d'un film politique typique d'une partie du cinéma japonais, qui déploie les mailles de son filet narratif avec un niveau de détails extrêmement relevé, sur une durée longue, au sein d'un récit éprouvant. Le film est en fait essentiellement porté sur l'un des trois incidents qui portent le nom de "Trois grands mystères des chemins de fer japonais", une série d'incidents criminels survenus de juillet à août 1949 et non résolus encore aujourd'hui. L'incident Shimoyama, avec le corps démembré du président de la compagnie ferroviaire, Sadanori Shimoyama, retrouvé sur une voie ferrée le 5 juillet 1949 (la possibilité d'un simple suicide en se jetant sous un train a été écartée). L'incident Mitaka, qui a vu un train roulant sans personne à son bord dérailler et tuer six personnes le 15 juillet 1949. Et enfin l'incident Matsukawa, pour un train déraillant car une partie de la voie ferrée a été sabotée et trois des agents à son bord meurent le 17 août 1949.


Ainsi "L'Affaire Shimoyama" place au centre du mystère un reporter interprété par Tatsuya Nakadai, dans une ambiance qui fait directement penser à "All the President's Men" de Pakula (1976), agrémenté à une sauce plus 80s style "Le Prince de New York" (Lumet, 1981). Un thriller politique qui suit le parcours d'éclaircissement (si on peut dire, étant donné le brouillard dense dans lequel l'enquête évolue) de la mort du président de la compagnie ferroviaire, avec dans un premier temps le rejet de l'hypothèse "suicide", en dépit de l'insistance de cette thèse de la part de la police, pour essayer ensuite d'élucider les tenants et aboutissants de ce qui est devenu un meurtre.


Le contexte est l'immédiat-après-guerre au Japon, avec la question de l'occupation américain encore brûlante et l'émergence de mouvements politiques locaux très opposés, avec tous les soupçons d'ingérence que l'on peut imaginer dans cette situation. La mort de Shimoyama intervient dans un contexte économique très tendu, avec une vague de licenciements, de grèves et de fermetures dures. Tout l'enjeu du film tourne autour des motifs de son assassinat : cela pourrait être l'œuvre de groupes communistes tout juste apparus, cela pourrait être une mise en scène des autorités pour discréditer la contestation sociale. Une enquête longue, éreintante, et exigeante.

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le 20 mars 2023

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Morrinson

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