Lorsqu’ils ont passé un contrat pour deux films avec Steven Seagal, Sony pensait que Seagal avait encore une base de fans assez solide et a décidé de sortir les deux films en salles. Devant l’échec au box-office de Mission Alcatraz (Half Past Dead en VO), ils ont fait machine arrière pour le deuxième, L’Affaire Van Haken (The Foreigner en VO), qui se retrouve donc directement en DVD sans passer par la case salles obscures. L’Affaire Van Haken est mis en scène par Michael Oblowitz qui après d’innombrables clips se lance à la réalisation de longs métrages en 1997 avec Liens Secrets (1997), La Loi des Vampires (2001) et On The Borderline (2001) arrive dans le petit monde de Steven « Saumon plus très agile » Seagal, premier de ses trois films qu’il tournera en 2003. Oui, dans mon exploration chronologique de la filmo de Seagal, je rentre dans le dur, avec une période où il était présent dans plusieurs films chaque année. Il semblerait que Seagal et Oblowitz se soient bien entendu puisqu’ils signeront la même année un Out for a Kill à la qualité tout aussi douteuse. Ah, parce que oui, L’Affaire Van Haken, ce n’est pas bon hein, comme on aurait pu s’en douter. C’est pour ça que je crains le pire pour la santé mentale car je ne sais pas si je vais pouvoir encaisser les innombrables étrons qui s’annoncent…
L’intrigue de L’Affaire Van Haken est absurde à un point qu’on ne comprend strictement à ce qu’il se passe, avec des scènes qui s’enchainent sans parfois de liant entre elles et des trous scénaristiques aussi gros que Seagal lui-même. Vous me direz « C’est un film de Seagal, on s’en fout, ce n’est jamais des scénarios très recherchés ». Certes, mais même avec ce postulat de départ, c’est du grand n’importe quoi avec des personnages qui repartent aussi vite qu’ils sont venus, une cohérence qui est sans cesse mise à mal avec des personnages qui changent sans cesse de camp, et un flou complet sur le personnage de Seagal lui-même, sur ce qu’il est réellement. Bref, ça sent le jemenfoutisme à plein nez. Et puis, qu’un américain croit que l’histoire se passe en France alors que ça a été tourné en Pologne, pourquoi pas, ils ont déjà du mal avec leur propre géographie. Mais pour un français, l’illusion n’est jamais là au point que ça en devient ridicule. Ce n’est même pas sauvé par la photographie, fade, sans âme, ni même la musique, insignifiante et interchangeable avec n’importe quel autre actionner de fond du faitout. Le jeu d’acteur est vraiment médiocre. Quand les acteurs ne sont pas en roue libre totale, ils sont tout simplement mauvais, se vautrant dans les clichés, à commencer par Steven Seagal dont le visage semble de plus en plus figé au fur et à mesure qu’il gonfle. Difficile parfois de différencier l’inquiétude de la constipation, la colère de la suspicion. Il faut dire qu’ils ne sont pas aidés par des dialogues d’une nullité affligeante et qui à aucun moment ne rendent les échanges un minimum crédibles et surtout intéressants.
Citons également la piètre qualité de la réalisation. C’est mis en scène n’importe comment, en particulier les scènes d’action cadrées à l’arrache, avec un réalisateur qui tente parfois des effets de style mais qui sont constamment ratés, comme ces fausses impasses mexicaines complètement foutue en l’air par un montage qui fait n’importe quoi. Et puis cette quantité de ralentis, quel enfer… Les scènes d’action ne vont pas non plus compenser un ensemble déjà bien cramoisi. Seagal a de plus en plus de mal à se déplacer, cachant sa grosse prise de poids par de longs impers qui descendent jusqu’aux genoux, et le « Saumon Agile » n’est plus qu’un lointain souvenir. Oui, il fait une ou deux clés de bras encore, mais c’est juste histoire de contenter les fans. Et puis il est de plus en plus doublé tellement il semble soit avoir la flemme, soit juste plus capable de faire certains mouvements tout seul. C’est d’ailleurs assez fun de voir qu’il est beaucoup plus mince et affuté quand il est de dos que quand il est de face dans les scènes d’action. Alors un minimum, parfois sauvé de l’ennui total par les prestations musclés de certains autres membres du casting comme Max Ryan, mais la longue et lente descente aux enfers est bien amorcée, et ils ont oublié de prendre les freins. Alors il est possible de se marrer devant la nullité de l’ensemble, comme lorsqu’on déguste un bon nanar, mais l’amusement n‘est ici que de courte durée car on est clairement plus dans le bon gros navet bien moisi, au point que ça en devient quasiment irregardable.
Ça y est, on y est dans le fond du faitout de la carrière de Steven Seagal avec cette Affaire Van Haken de bien triste mémoire. Rien ne va, de la mise en scène au casting en passant par le scénario incompréhensible. Un bel étron qui pue bien du derche.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-laffaire-van-haken-de-michael-oblowitz-2003/