Humour déjà vieux

Ellie et Manny vont avoir leur premier enfant, et le futur père est un poil anxieux. Il veut que tout soit parfait pour sa progéniture ainsi que pour sa mère. Face à cette perspective, Diego déprime, car il est conscient qu’il s’éloigne de son rôle de prédateur. Mais Sid, lui, cherche à son tour à fonder une famille. Il découvre alors trois grands œufs de dinosaure censés avoir disparu.

Mike Thurmeier aide Carlos Saldanha à la réalisation de ce troisième opus, tandis que l’équipe scénaristique reprend Peter Ackerman qui avait travaillé sur le premier. Le résultat est moins délirant que le volet précédent et comprend plus d’aventures, mais comporte tout de même une pléthore de gags.

La situation d’une femme enceinte (même si c’est une mammouth) est propice à l’humour, notamment avec le stress du père. Ici, ce grand nigaud de Manny est parfait dans ce rôle. Les affreux opossums sont moins urticants, mais, du coup, également moins drôles maintenant qu’ils font partie de la famille. Pour épicer un peu cette équipe trop sage, l’ajout d’un nouveau personnage ravagé est une recette connue, mais toujours aussi efficace. Buck est un bijou de délire schizophrénique qui permet en plus de faire avancer le scénario. C’est une bonne idée, même si elle n’est pas nouvelle. Les aventures sont épiques et renforcées par la vulnérabilité d’Ellie, les créatures préhistoriques un poil caricaturées pour ajouter du fun, bref, c’est plutôt sympa.

En revanche, ce qui peut surprendre, c’est le personnage de Sid. Le paresseux, naturellement maladroit et imbécile, part dans un délire égoïste de maternité en mélangeant les genres (c’est un mâle qui se déclare être mère). Il impose sa vision aberrante aux bébés tyrannosaures, nie leurs instincts et refuse de les nourrir correctement au nom de son idéologie. Et enfin, il est le roi de l’excuse pour laisser ses petits monstres tout ravager (« je suis une mère célibataire »). Dans notre époque wokiste, ce comportement résonne particulièrement, car il est devenu la norme, mais à ce moment-là (c’était pourtant il y a juste 15 ans), il pouvait encore faire rire, car il était considéré comme absurde. Il est intéressant de constater cette évolution des points de vue sociétales où l’humour d’avant s’est transformé en idéal souhaité.

À noter par ailleurs que les animaux préhistoriques sont tous mélangés dans un joyeux bazar temporel et que le spinosaure est devenu une sorte de Goliath improbable. Ce n’est pas important, il ne s’agit pas d’un film scientifique, mais d’une comédie qui précède les délires des Croods.

L’Âge de glace 3 est une comédie dynamique plus aventureuse que le précédent opus et qui plonge le spectateur au milieu des reptiles géants. C’est un beau voyage et, même si l’on rit moins, on se régale tout de même.