Unique film de la Gafer réunissant ses fondateurs, société de production montée par Gabin et Fernandel en 1963, l'Age ingrat est aussi le premier film de cette petite société qui produira 9 films jusqu'en 1971, dont le Pacha, L'Homme à la Buick, Heureux qui comme Ulysse ou la Horse... et qui permit à ses 2 têtes d'affiche de se retrouver une troisième fois à l'écran après 2 films mineurs dans les années 30, à un moment où ils ont chacun installé leurs styles et leur personnage cinématographique depuis longtemps.
C'est un film mal noté, vilipendé, étripé, encore un constat que ces comédies populaires des 60's sont mal perçues par un certain public trop difficile et qui ne sait pas se distraire naturellement avec un film sans prétention. Mais pour moi, c'est toujours un plaisir de voir 2 immenses vedettes comme Gabin et Fernandel se donner la réplique. D'accord, à l'instar de la Cuisine au beurre déjà réalisé par Grangier et qui réunissait Fernandel et Bourvil, on aurait préféré un film plus prestigieux ou plus élaboré, mais en l'état, je m'en contente parce que je sais que le résultat sera quand même plaisant. J'aime ce genre de film parce que j'ai grandi avec et que je les ai vus souvent à la télé.
Le scénario qui brode sur une nouvelle version de Romeo et Juliette en opposant 2 familles, est signé Claude Sautet et Pascal Jardin ; ils brassent pas mal de clichés autour des vieux et des jeunes, de Paris et Marseille, des histoires de famille, de l'amour et de la France des sixties ; vu aujourd'hui, ça a valeur de document sociologique même si certains thèmes sont encore actuels. La mise en scène de Grangier est celle d'un excellent artisan du cinéma populaire français, peut-être sans grand relief mais efficace, il connait bien ses 2 vedettes et sait les valoriser dans une suite de numéros amusants, car le film est construit avant tout pour les 2 monstres sacrés et sur cette opposition du Nordique et du Marseillais, Fernandel y affiche sa jovialité méridionale face au tempérament bourru parisien de Gabin. Ils sont entourés de bons acteurs de complément comme la jeune Marie Dubois, Paulette Dubost, le fiston Franck Fernandel (qui tourne cet unique film avec son père), le vieux Rellys, et un petit rôle marrant du toujours excellent Noël Roquevert. Voila donc une comédie légère au ton bon enfant qui divertit sans ennuyer.

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le 9 juil. 2018

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