Après Léon Morin prêtre et Le Doulos, Melville clôt son cycle Jean-Paul Belmondo avec ce curieux Aîné des Ferchaux… Ensuite, il se tournera définitivement vers le cinéma commercial, même si Le Samouraï peut être considéré avec une certaine estime. Ici, il adapte (comme beaucoup avant lui et après lui) un roman de Simenon, auteur béni pour les cinéastes dont les adaptations cinématographiques ne se comptent plus. Comme toujours dans l’univers de Simenon, l’essentiel va consister ici dans ce qui n’est pas dit : des regards, des silences, des ellipses de narration et de mise en scène, le tout contribuant à produire un climat oppressant où on attend sans cesse que quelque chose se passe jusqu’à un dénouement inattendu… Jean-Paul Belmondo n’est certainement pas un des mes acteurs préférés mais dans ce rôle de raté et de salaud repenti au dernier moment, il s’en sort plutôt bien. Évidemment, il a du mal à soutenir la comparaison avec l’immense Charles Vanel, un des meilleurs comédiens de sa génération, qui le domine de tout son talent. Mais la rencontre des deux hommes, qui constitue le pivot central du film, est crédible de même que leurs rapports qui vont évoluer peu à peu vers une équivoque entre un rapport père-fils et un rapport homosexuel. Sur le plan technique, Melville filme de façon impeccable cette Amérique qu’il aime tant, que ce soit à New York ou à La Nouvelle Orléans. C’est un film qui n’est pas reconnu à sa juste valeur dans son œuvre et c’est bien dommage à mon avis car il est sûrement un de ses plus sincères.
Maqroll
8
Écrit par

Créée

le 6 juin 2014

Critique lue 1.7K fois

7 j'aime

1 commentaire

Maqroll

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

7
1

D'autres avis sur L'Aîné des Ferchaux

L'Aîné des Ferchaux
JeanG55
8

Les deux fauves

Dans la filmographie de Melville, "L'ainé des Ferchaux" (1963) se situe entre "le Doulos" (1962) et "le deuxième souffle" (1966). C'est un film noir inspiré d'un roman de Simenon que je ne connais...

le 27 nov. 2021

7 j'aime

4

L'Aîné des Ferchaux
Maqroll
8

Critique de L'Aîné des Ferchaux par Maqroll

Après Léon Morin prêtre et Le Doulos, Melville clôt son cycle Jean-Paul Belmondo avec ce curieux Aîné des Ferchaux… Ensuite, il se tournera définitivement vers le cinéma commercial, même si Le...

le 6 juin 2014

7 j'aime

1

L'Aîné des Ferchaux
Prodigy
5

Il faut battre l'aîné...

Un film étrange, indolent, désincarné, dans lequel Melville semble plus amoureux des paysages qu'il film (l'Amérique, la vraie, la profonde), que par ses acteurs ou son intrigue. Vanel tire (comme...

le 9 sept. 2011

3 j'aime

9

Du même critique

Little Odessa
Maqroll
9

Critique de Little Odessa par Maqroll

Premier film de James Gray, l'un des génies incontestables du cinéma actuel, où déjà l'essentiel est en place. Un scénario, d'une solidité qui force l'admiration, rapporte une histoire tragique...

le 1 oct. 2010

20 j'aime

1

Babel
Maqroll
5

Critique de Babel par Maqroll

Une quadruple histoire dont on démêle peu à peu les intrications, qui constituent une espèce de fresque sur les difficultés des êtres humains à parler entre eux. Malheureusement, ce film rempli de...

le 17 juil. 2013

18 j'aime

2

L'Émigrant
Maqroll
10

Critique de L'Émigrant par Maqroll

Attention, chef d’œuvre absolu. Chaplin s’attaque ici au mythe des mythes, l’arrivée des immigrants aux États-Unis (via Ellis Island) et la voie ouverte à tous les rêves… La traversée de l’Atlantique...

le 10 juil. 2013

17 j'aime

3