Les deux fauves
Dans la filmographie de Melville, "L'ainé des Ferchaux" (1963) se situe entre "le Doulos" (1962) et "le deuxième souffle" (1966). C'est un film noir inspiré d'un roman de Simenon que je ne connais...
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Dans la filmographie de Melville, "L'ainé des Ferchaux" (1963) se situe entre "le Doulos" (1962) et "le deuxième souffle" (1966). C'est un film noir inspiré d'un roman de Simenon que je ne connais pas.
Le scénario du film raconte la fuite aux Etats-Unis d'un banquier français, Dieudonné Ferchaux sur le point d'être poursuivi par la justice. Un secrétaire, qu'il vient d'embaucher, l'accompagne. C'est un film d'atmosphère qui analyse l'évolution de la relation entre les deux hommes.
Le casting repose essentiellement sur Charles Vanel et Jean-Paul Belmondo.
Charles Vanel est excellent dans le rôle de ce vieux lutteur au passé colonial trouble en charge avec ses frères d'une banque familiale. C'est un homme que les scrupules n'ont jamais étouffé et qui mène sa banque et son personnel à la trique (au figuré, bien sûr, mais ...). Il faut le voir dans ce conseil d'administration où il en impose et parvient à faire taire durement ses collaborateurs qui sentent que l'affaire est en train de s'effondrer sous les coups annoncés de la justice sur un passé qui est en train de ressortir.
Jean-Paul Belmondo joue le rôle d'un ancien baroudeur (dans les paras) recyclé dans les combats de boxe qu'il rate. "tu es autant fait pour être boxeur que moi pour être bonne sœur" lui dit son coach... Il se recycle in extremis dans ce job de secrétaire de cet homme qu'il ne connait pas qui part en voyage et dont il comprend très vite qu'il s'agit plutôt d'une fuite. "Il y a trois sortes d'hommes, les moutons, les léopards et les chacals : je ne sais pas encore à laquelle des deux dernières, vous appartenez" lui dira Ferchaux.
Le casting fait apparaître Michelle Mercier qui joue le rôle d'une française qui échoue, après de probables vicissitudes, dans un boulot de strip-teaseuse dans un night club de New Orleans.
La réussite du film repose sur la confrontation de deux portraits psychologiques des personnages qui cachent au départ, chacun, leur vraie nature. Ces deux portraits vont évoluer peu à peu et faire apparaître deux être profondément cyniques qui s'affrontent. L'un a l'argent et l'autre l'ambition. L'un, vieux et au bout du rouleau, a un pouvoir certain au début qui s'effrite lentement alors que le deuxième, jeune et vigoureux, obéissant au début, prend de l'assurance et devient dominant. Ferchaux croit tenir le personnage de Belmondo par l'argent. En fait ce dernier finit par se détacher progressivement de l'argent qui ne devient plus une priorité. Même si en lui-même, le personnage de Belmondo se considère comme un lâche ou une planche pourrie, il saura revenir en arrière pour défendre le vieux contre des malotrus qui en veulent à sa peau.
Le film se passe au début en France puis à New York puis sur la route vers la Louisiane et New Orleans. En lisant divers articles, je suis complètement bluffé d'apprendre que ni Vanel ni Belmondo n'ont quitté la France pendant le tournage. La plupart des scènes ont été tournées au studio Jenner et sur l'autoroute de l'Esterel remplies de bagnoles américaines. J'en déduis que toutes les autres images proviennent de rushes effectués à un autre moment aux Etats-Unis. Il y a donc un sacré travail de montage car vraiment on s'y croirait. Je pense à l'immeuble filmé à New York avec un mouvement descendant avec la rumeur croissante de la rue ou encore le petit détour pour aller voir dans la banlieue new yorkaise à Hoboken, la maison natale de Sinatra. Sans oublier les rues chaudes et animées de New Orleans où Belmondo aimerait bien voir "le tramway nommé désir".
On retrouve dans ce film la fascination de Melville pour les Etats-Unis, la géométrie dans les villes, l'immensité des paysages, l'importance des lignes de fuite que ce soit des routes rectilignes ou les comptoirs gigantesques des snack-bars. Et bien sûr des bagnoles américaines.
J'aime bien ce film pour le duo Vanel- Belmondo bien sûr. Mais je l'apprécie beaucoup pour l'ambiance que le film restitue à travers la photographie des villes américaines de jour ou de nuit ainsi que des interminables routes.
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le 27 nov. 2021
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