Intrigué par la beauté de l'affiche et plutôt client du cinema est-européen, je me suis lancé dans L'Alchimiste : sombre histoire de rivalités féodales au coeur de laquelle se retrouve notre protagoniste : Sendivius, alchimiste de son état.
De part sa légendaire capacité à transformer tout métal en or, l'alchimiste est un archétype pouvant revêtir deux visages antagoniques : grand magicien ou triste charlatan selon sa faculté ou non à mener à bien ladite opération. L'intelligence de la première partie du film va être de jouer sur cette dichotomie : difficile de savoir si Sendivius et les autres alchimistes du film peuvent réellement réaliser la prouesse synonyme de richesse que recherche tant les princes de leur royaume. Occasionnant mystères et rebondissements, ce principe donne au début du film un certain attrait qui permet de passer outre le fait que les costumes et maquillages y soient un peu bâclés (la palme revenant à la coiffure en vaguelette du premier prince) et provoquent des réminiscences plus proches des Visiteurs que du Nom de la rose.
Difficile de regarder ces deux princes se battre pour un pouvoir absolu sans faire de lien avec la guerre froide, la Pologne - dont le film est originaire - se trouvant à l'épicentre des deux blocs, tel Sendivius malmené par les deux souverains rivaux. Le lien sera encore plus explicite lorsque notre héros prophétise que dans quelques générations les hommes pourront "créer des armes 100 fois plus fortes que la foudre".
En roue libre après avoir transformé pour la première fois le plomb en or, Sendivius dévoile un nouveau visage opportuniste et libidineux peu reluisant, allant jusqu'à être prêt à pactiser avec le diable pour comprendre le secret, il se retrouve a deux doigts de tuer un bébé pour atteindre son but, n'étant arrêté que par l'arrivée de la cavalerie.
La figure de l'alchimiste prend alors une dimension plus profonde que celle de simple protagoniste d'aventure médiévale, elle nous expose la trajectoire d'un homme que la volonté de dompter la nature a détourné de sa vie et qui continue éternellement de lutter contre cette envie qui le consume mais dont il n'arrive pas à se défaire.
Le final science-fictionnel venant clore l'oeuvre lui offre une rédemption dont on aurait pu se passer, il serait préférable de l'interpréter comme un accès de folie de sa part plutôt que comme une très mauvaise inspiration des scénaristes mais le texte final laisse, hélas, peu de doute quant à la justesse de la deuxième proposition.
Il y a pas mal de bonnes choses dans L'Alchimiste ce qui en fait un divertissement honnête malgré la visible inadéquation entre ses ambitions et son budget, cependant le manque de moyens, le jeu des acteurs globalement trop appuyé et l'absence totale de transcendance de la réalisation alliés à une fin assez nulle le propulsent avec fracas dans la catégorie des films oubliables