Avec The Alphabet, nous plongeons dans les visions cauchemardesques d’une femme perdue dans son alphabet au point de ne plus reconnaître dans la lettre que sa forme extérieure et esthétique : si les lettres se relient chacune dans la comptine chantée en fond sonore, il semble n’y a voir aucune interaction possible entre le corps de la dormeuse, délimité par l’espace du lit, et les constructions tantôt cubistes tantôt proches des œuvres de Francis Bacon. Se faisant, David Lynch nous fait partager l’angoisse d’un être terrifié par des lettres qui ne signifient plus rien, se limitant à leur pouvoir imagogène ; ne demeure qu’une masse corporelle animée par un flux de pensées – symbole du sang craché en guise de clausule – à la manière d’un spectre. Un court-métrage déstabilisant.