L'Amère Histoire d'une Servante par Ryo_Saeba
Ma-Xu Weibang, le pionner du cinéma d'horreur chinois, nous livre ici avec L'Amère Histoire d'une Servante un thriller horrifique. Le film raconte l'histoire de Mlle Lin, une infirmière engagée par un serviteur d'un riche vieillard afin de le soigner. Seulement en arrivant dans la maison, quelque chose ne tourne pas rond, tous les domestiques de la maison sont grandement effrayés par l'infirmière et pour cause, elle est le sosie exact de Lingbao, la fille du vieux maître, morte dans d'étranges circonstances. Pour soigner le père de Lingbao devenu fou car il n'accepte pas la mort de sa fille, l'infirmière se déguise et se fait passer pour sa fille afin d'enquêter pour éclaircir les raisons de sa mort.
Le film s'ouvre sur un plan dans une chambre où l'on voit une fille (LingBao) effrayée, poursuivie par une ombre qui lui veut du mal et qui finalement l'étrangle avant de passer en fondu enchaîné sur le train qui amène l'infirmière sur les lieux du crime. Par le biais de ce plan d'ouverture, le réalisateur amène tout de suite le spectateur dans le bain et il lui lance une série d'interrogation : qui est cette mystérieuse ombre ? et pourquoi a t'elle tué cette fille ?
Pour répondre à cette question, arrive en train tel la police arrivant sur les lieux d'un crime, Mlle Lin, infirmière qui s'improvisera enquêtrice. Cette arrivée n'est pas sans rappeler les films ou série à enquête comme les aventures de Hercule Poirot dont le scénario est souvent tiré de nouvelles des années 20 ou 30. Cependant si le film joue habilement la dessus pendant la première partie du film, il s'essouffle assez vite en donnant maladroitement toutes les cartes en mains aux spectateurs. Ce qui fait que la deuxième partie est dénuée d'intérêt et le film fait un peu du surplace.
Il faudra attendre le dénouement pour avoir un regain d'intérêt. C'est un peu dommage car le traitement effectué sur la première partie du métrage est fort intéressante, à la quête d'informations se rajoute une sorte de suspense parallèle comme lors de la première nuit de Mlle Lin dans la maison, une ombre ouvre la porte et vient replacer sa couverture avant de repartir.
Il est intéressant de faire une comparaison entre ce film et une œuvre précédente du réalisateur Ma-Xu Weibang, Le Chant de Minuit tant les similitudes sont évidentes que ce soit dans le traitement de l'histoire ou des personnages. Il y a vraiment beaucoup de points communs. Tout d'abord la narration est la même, on présente une situation initiale puis tout comme le monstre du Chant de Minuit qui raconte son histoire, ici la gouvernante raconte l'histoire de la mort de Lingbao pour ensuite revenir sur la trame de départ.
On retrouve aussi, même si en quantité beaucoup moins élevée comparé au Chant de Minuit, de très beaux effets de lumière comme la scène ou la gouvernante fait découvrir la chambre de Lingbao à Mlle Lin en entrant dans la pièce à l'aide d'une bougie pour garder le suspense avant d'allumer la lampe au plafond éclairant subitement intégralité de la pièce. Une autre chose qui est similaire, dans les deux films les personnages principaux se font passer pour quelqu'un d'autre.
Dans le Chant de Minuit, c'est le comédien Xiaogou qui se fait passé pour Dannping complètement défiguré dans le but d'apaiser la douleur de XiaXia qui le croit mort et ici c'est Lin qui se fait passer pour Lingbao afin d'apaiser la douleur de son père. Et pour finir, les deux films ont un dernier point commun qui est le dénouement. Les films se terminent tous deux par un incendie violent et qui est superbement mis en scène dans les deux œuvres.
Au final, tout comme Le Chant de Minuit, le film est inégal, il y a de très bonnes chose dans la première partie du film mais également de gros défauts sur la deuxième. Dommage.