Le retour en arrière dans la filmographie d'un réalisateur n'est pas quelque chose qui me branche particulièrement. La curiosité est certes bien présente mais la crainte d’être déçu par une purge inattendue ou un film de merde suffit généralement à calmer mes ardeurs.
Dans le cas de Paolo Sorrentino, mes craintes étaient d'ailleurs renforcées par le fait que sa récente Grande Belleza soit considérée comme son oeuvre la plus aboutie. Je n'ai pas détesté la Grande Belleza, bien au contraire, mais je lui ai trouvé des défauts de taille qui toutefois étaient gommés ou plutôt cachés par le reste (voir ma petite critique du film, et oui je me fais de la pub).
J'ai malgré tout tenté l'aventure pour une obscure raison que moi-même je ne connais pas (j’étais dans un bon jour et je me suis dit pourquoi pas).
L'ami de la famille est le surnom que les gens donnent à Geremia, un vieux croûton malpropre et très laid (on en fait des caisses là-dessus au début mais je ne le trouve pas si mal le Gege) doublé d'un sale con. Le type est en fait un usurier plutôt connu dans le coin vu qu'il prête de l'argent à tout plein de gens à des taux qui m'ont l'air un peu trop élevés (mais après tout j'y connais rien en usure). J'insiste sur le fait qu'il soit un sale con qui n’hésite pas a dépouiller une famille en retard de paiement et à toucher la mère de famille de famille à la façon d'un vieux pervers. De plus, Gege n'a visiblement aucun ami à part un type appelé Gino que lui-même ne considère pas comme un ami... décidément très charmant cet homme.
Bref, un jour un type lui demande de l'argent (rien d'inhabituel) pour le mariage de sa fille qui se révèle être une actrice porno en devenir (non je rigole elle juste jolie... mais avec un minois comme le sien elle devrait y penser). Ce sera le début de tout pour Geremia qui va user de toute sa panoplie de sale con pour arriver à ses fins.
L'intrigue est assez classique dans le sens où la fin est plutôt prévisible même si les moyens qu'utilise Sorrentino pour y parvenir sont assez bancals. C'est d'ailleurs là que se trouve toute la bizarrerie du film: on essaie de nous convaincre qu'un truc improbable va arriver pour finalement nous dire que ça n'arrivera pas. Sans vouloir en dire trop sur le film, disons qu'à un certain moment les choses deviennent peu crédibles mais que le film parvient plus ou moins à se rattraper grâce à une sorte de twist bizarre (car assez inattendu).
Si cette intrigue ne m'a pas totalement convaincu, le film a tout de même des qualités.
Visuellement c'est beau; pas autant que ses opus récents mais ça reste réussi. On sent déjà la maîtrise du cadre et la beauté de certains plans nous ramènent à l'onirisme de la Grande Belleza. Le film se différencie néanmoins par la présence dans certaines séquences d'une musique un peu plus dynamique, chose que l'on ne retrouvera pas dans ces deux derniers films.
En tout cas le style de Sorrentino est là, comme en témoigne la fin du film qui fait vraiment penser aux films suivants; c'est peut-être là que se situe le problème d'ailleurs .