Paolo Sorrentino est décidemment l'un des cinéastes les plus intelligents et inventifs du moment. Chacun de ses films est pour moi un chef d'œuvre d'humanité, d'une acuité de réalisation et de direction d'acteurs remarquable. Chacun de ses films se focalise sur une personnalité hors norme qui, par le génie de Sorrentino, devient inoubliable.
Le Jep Gambardella (Toni Servillo), critique d'art cynique et désabusé de La Grande Bellezza, le Giulio Andreotti (toujours Servillo) d'Il Divo, sur le fil du bien et du mal, tout aussi manipulateur que manipulé et cet incroyable Geremia (Giacomo Rizzo), abjecte salaud de L'ami de la famille.
Ces personnages en apparence extraordinaires ne font que nous renvoyer à notre triste et pitoyable humanité. Aucun d'eux ne sait après quoi il court, pas plus que nous ne le savons, plongés dans notre absurde et aveugle marche vers la mort.
Chacun de ses films et aussi l'occasion d'observer les travers de nos sociétés folles, de passer le miroir des apparences pour toucher le mal derrière le bien et le bien derrière le mal.
Ce profond travail d'anthropologue dérange et nous émeut aussi.