⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

« La vérité en amour est-elle souhaitable ? »

Le choix du spectateur de ce film est très simple : succomber ou non au charme des comédiens qui tombent comme des mouches dans les bras les uns des autres. Stupre, manipulation, sculpturales créatures, ce petit univers surchauffé se déploie avec la malice caractéristique des frères Larrieu et, pourrait-on dire, du cinéma français d’auteur.
Le contexte glacial des montagnes crée un contraste saisissant avec ces intérieurs, et au bois cosy du chalet répondent les parois de verres de l’université ; la diction des personnages, volontairement fausse et littéraire, tranche avec la saisissante vivacité de leurs désirs. C’est précisément le point de bascule sur lequel se situent tous les personnages, entre maîtrise totale et abandon aux gouffres des désirs coupables.
Les images sont souvent impeccables, tant par les prises de vue sur les paysages que l’architecture, les deux grands sujets plastiques du film. Sur ces beautés muettes tente de se greffer un discours, forcément minoré : c’est le travail que propose Amalric à ses étudiants dans un atelier d’écriture durant lequel il compense ses frustrations d’écrivain raté.
Le monde à l’échelle du campus, entre plaisir facile et rivalités politique, est certes croqué avec plus au mois de bonheur, et occasionne quelques longueurs, de la même façon que la portée satirique et comique n’est pas toujours très heureuse. Alors que le récit s’enlise un peu, notamment dans son intellectualisme didactique (les citations de Dante, de Buñuel, de Breton…), la fin relance l’intérêt en faisant tomber certains masques au profit de nouveaux, plus fragiles et expressifs. Car le récit est aussi celui d’une émancipation et la séparation d’un couple frère-sœur fusionnel qui décide d’ouvrir les portes de son chalet.
On peut donc laisser tous ces jolis minois nous séduire, à condition d’accepter les grains de sable que laissent volontairement les maîtres d’œuvre dans leurs rouages : sur la trame du thriller et derrière l’apparent académisme de leur récit, adapté de Djian, autre grand spécialiste de l’art du clivage, se logent ces petites bizarreries de la nature humaine qui font qu’on adhère à l’effroi et qu’on se laisse prendre la main pour aller sonder les gouffres mystérieux de sa psyché tourmentée.
Sergent_Pepper
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Auteur français, Polar classieux, Nature, Psychologique et Thriller

Créée

le 16 janv. 2014

Modifiée

le 16 janv. 2014

Critique lue 1.5K fois

23 j'aime

8 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

23
8

D'autres avis sur L'amour est un crime parfait

L'amour est un crime parfait
Sergent_Pepper
7

« La vérité en amour est-elle souhaitable ? »

Le choix du spectateur de ce film est très simple : succomber ou non au charme des comédiens qui tombent comme des mouches dans les bras les uns des autres. Stupre, manipulation, sculpturales...

le 16 janv. 2014

23 j'aime

8

L'amour est un crime parfait
Electron
4

Ecrivains, poils aux mains !

Pour être clair, l’ironie de mon titre s’adresse aux frères Larrieu et non aux écrivains. En effet, il ne suffit pas de trouver un titre alléchant pour que le contenu soit à la hauteur (même quand...

le 15 janv. 2014

22 j'aime

13

L'amour est un crime parfait
Krokodebil
8

Pénélope, Béatrice, Marianne... et les autres.

Celle qui attend. Celle qui nous guide. Celle qu'on aime et qui nous mène à la baguette. Et bien d'autres encore. A ceci près que la première nous attend dans un au-delà, un inconnu, un incertain...

le 27 janv. 2014

20 j'aime

4

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

774 j'aime

107

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

715 j'aime

55

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

618 j'aime

53