Depuis que j’ai vu El Ángel, il passe en boucle dans ma tête et je n’ai envie que d’une chose : le revoir. J’ai eu un véritable coup de foudre devant ce film. Des coups de cœur, on peut en connaître souvent, mais des coups de foudre… pas tellement me concernant. Du niveau d’Animals de Marçal Forès (un jour il aura droit à sa critique, lui aussi, c’est inévitable), Lost River de Ryan Gosling ou encore Clockwork Orange de Kubrick… ce genre de moment où mon cerveau disjoncte, où il se passe un truc que je ne comprends pas forcément. Et cette dernière référence n’est peut-être pas totalement dénuée de sens.


El Ángel est tiré d’une histoire vraie, ce que je n’ai appris qu’après avoir vu le film, et d’une certaine manière, j’ai l’impression que ça ne fait que renforcer ce que j’ai ressenti, de se dire « bon sang, et en plus c’est tiré de faits réels ».
En fait, il est rempli d’élans contradictoires qui parviennent pourtant à s’imbriquer merveilleusement bien les uns dans les autres, et ça en fait une force incroyable. Parce que le film est drôle, léger, très musical (cette BO génialissime !) il est aussi très émotionnel avec une relation entre les deux personnages principaux très forte et des jeux de regards frappants. Et puis en même temps, il est dur, cruel, ces mêmes personnages sont différents à souhait, Carlos est animé par une distance constante de tout, par un désir de se sentir vivant lié au besoin de donner la mort et de s’enfoncer dans la criminalité. Et cette dualité, elle est présente partout, absolument partout, même dans ce que nous on ressent, en tant que spectateur, parce qu’on s’amuse en même tant qu’eux, parce qu’on aime quand ils entrent par effraction dans une baraque et volent tout ce qui les intéressent, parce qu’un sourire se dessine malgré nous quand une balle part sans qu’on s’y attende… et en même temps on se rend bien compte que ce gosse a un problème, que la famille de Ramón n’est pas mieux, que l’histoire en elle-même est terrible. Alors que voulez-vous, un film qui me manipule à ce point, je ne peux que l’aimer.


Et puis autre élément, et pas des moindres, le casting : deux têtes inconnues pour faire exploser la bombe à l’écran. Lorenzo Ferro sort de nulle part, jamais vu dans rien, jamais entendu parler et boum, il fait des merveilles. Je dois bien avouer que je voue une certaine admiration à ce genre d’acteurs qui apparaissent comme par magie et s’imposent comme jamais. Espérons que ce ne sera pas le seul film qu’il fera et qu’il saura faire des choix judicieux et se tracer une belle route dans le monde cinématographique. C’est d’ailleurs ce que Chino Darín a l’air bien parti pour faire, vu également dans Durante La Tormenta, une production Netflix plutôt intéressante de mon humble avis, ainsi que Compañeros ; beaucoup de prestance, un jeu convainquant, et pour l’instant des films très intéressants. Leur duo fonctionne extrêmement bien, et en suivant l’ensemble du film : à la fois distincts, presque opposés, et pourtant absolument unis.


En bref, El Ángel est très efficace, très riche, avec des personnages forts et bien interprétés, le tout pour passer un moment vraiment plaisant à contempler des criminels refaire le monde à leur façon… De bons arguments pour nous séduire.

Nelle_EB
10
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le 5 avr. 2019

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Nelle_EB

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