Pas déplaisant à regarder, ce film, mais il laisse un goût de 'pas assez' en bouche.


Le scénario présente quelques belles situations (le moment où le héros feint la mort résonne étrangement dans le dernier tiers du film ; le moment où il comprend face à qui il est et qu'il se cache ; la manière dont ils se retrouvent bel et bien) ; le problème, c'est que le tout manque furieusement de conflits : chaque scène se déroule trop gentiment, sans accroc alors que de la tension aurait rendu chacune d'elles nettement plus intéressantes. Prenons par exemple la relation entre les deux frères : combien il aurait été intéressant de construire une vraie rivalité plutôt que cette complicité trop fade, voire trop facile ; ou encore lorsqu'on découvre le sort réservé au haros, il s'en accommode trop facilement, alors que le film aurait facilement pu traîner 10 minutes sur le bonhomme en train de s'habituer à ce nouveau mode de vie (en évitant tout de même le pathos) ; même la fin est bien trop gentille, le sacrifice du héros aurait été plus fort que celui du frère.


La mise en scène n'est pas idéale, il y a quelques petits défauts, un manque d'inventivité par moment, où des effets un peu cheap qui font sourire (le sifflement des missiles notamment) ; mais en contre partie, pour un film de 1935, c'est quand même assez rythmé, les plans sont variés, et le travail du son est remarquable (tout ce qu'on ne montre pas du front mais qu'on entend, c'est une très bonne idée, à la fois artistique et économique). Puis il reste quelques mouvements de caméras utiles, pertinents, intelligents afin de mieux faire passer une émotion, et parfois presque symboliques. Enfin, les acteurs sont très très bons : la belle Merle Oberon qui verse des larmes comme ça, avec aisance, tout en exprimant son désarrois, c'est d'une beauté renversante ; et puis il y a ce Fredric March qui joue très bien son handicap, même mieux que certains acteurs d'aujourd'hui (c'est assez paradoxal, mais malgré un jeu globalement théâtral, cette partition sonne très juste, il n'en fait pas trop, son regard se pose exactement là où il faut).


Bref, j'ai passé un agréable moment, mais il y avait vraiment matière à en faire un chef d'oeuvre, juste en mettant plus de conflits.

Fatpooper
6
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le 11 avr. 2016

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