tango à Tokyo
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le 13 mars 2011
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Takura Yamashita (Kôji Yashuko) sort d'une peine de prison de huit ans, pour avoir assassinée son épouse infidèle.
Suivi par son agent de probation pour sa bonne réadaptation, peu de choix ne sera donné à celui qui aura dérivé du droit chemin. Il devra se conformer aux règles de bonne conduite, avec toute la difficulté et les freins de l'administration, se défaire des habitudes de prison et réapprendre à vivre. Entre drame de la jalousie qui déroule ses conséquences, désir refoulé et volonté de son contraire, le thème de la réinsertion d'un condamné dans la société et sa quête de rédemption, se double d'une histoire à personnages.
Qui, de la réalité ou du fantasme aura fait d'un homme pourtant aimant, un meurtrier ? Seule une anguille, compagnon de solitude, sera le soutien nécessaire pour sauvegarder un semblant d'équilibre. Le réalisateur décline alors toutes sortes de métaphores notamment phalliques pour complexifier son personnage, et pointer tant l'impuissance physique que sociale.
Et tel l'anguille, le film oscille entre drame social et comédie décalée, entre psychologie de l'homme et portrait de la société japonaise, nous perdant parfois dans la volonté du cinéaste.
L'intrigue se dote curieusement d'un ton parfois enjoué, voire ironique même si un manque de légèreté nous rappelle bien le drame. Sans grand effet la mise en scène reste sobre, peu esthétique et plutôt intimiste. Un environnement particulier du Japon, hors la ville, aux paysages bucoliques, et une communauté haute en couleur. Un charpentier sympathique, un jeune attendant la venue des extra terrestres, une femme se remémorant ses admirateurs aujourd'hui invisibles, pour des scènes en décalage. Le personnage féminin, Keiko (Misa Shimizu) pour l'espoir d'une vie nouvelle et bien plus subtilement, entre rébellion et soumission, pour la condition de la femme.
On pense à Yasujirō Ozu, avec lequel le réalisateur a travaillé, et Akira Kurosawa. L'un pour nous conter la force et l'importance du lien, l'autre pour ces interludes fantasmatiques, par des visions oniriques et angoissées de Takura en perte de repères.
Shōhei Imamura adapte Scintillement dans l'ombre (traduit chez nous par Liberté conditionnelle) d'Akira Yoshimura, un des livres les plus sombres de l'auteur où la difficulté d'être est le fil conducteur. L'écriture souvent teintée de fantastique et de poésie, forte de détails symboliques semblait bien difficile à retranscrire sur écran.
Le réalisateur adapte librement et marque de sa propre signature le texte original. Avec une introduction colorée de rouge, symbole de la violence et de la perdition selon Yoshimura, cette entrée en matière explicative, occulte le cheminement, qui dans l'ouvrage se déclinait au fil des pages, et nous amenait doucement dans les affres d'un esprit torturé, et de sa lente dissolution. De la même manière, l'ouvrage se concentrait sur l'homme et ses déambulations tant physiques que mentales, entre souvenirs cauchemardesques et divagation de l'esprit dans un Japon pétri de traditions et de contradictions.
Du tragique ambiant, et d'un ouvrage au final ancré dans la désespérance et le réalisme mortifère, le réalisateur nous offre une version optimiste de la condition de l'homme de Yoshimura.
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le 25 déc. 2018
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