L’Année du requin déconcerte par la vacuité de son geste, tant narratif que plastique, en ce qu’il ne sait comment lier les registres et relier des morceaux de mise en scène épars qui jamais ne composent une véritable et entière mise en scène ; ces morceaux, faits de plans en drone, de cadrages originaux ou de mouvement de caméra astucieux, ouvrent sur le vide d’un reste – qui constitue pourtant l’essentiel du temps de film – en pause, dépourvu d’inspiration et de rythme. Les comédiens végètent dans ce microcosme fermé, telles des légumineuses rougissant sous serre, incapables d’évoluer ou même d’exister pour eux-mêmes. Là réside le principal paradoxe du film : la désincarnation des personnages pour représenter la vie perturbée des petites gens que l’on aimerait gaillardes et franches. Quant à la dimension parodique de la relecture de Jaws (Steven Spielberg, 1976)… elle ne fait jamais sens. Un ratage complet.