L'Apollon de Gaza
7.2
L'Apollon de Gaza

Documentaire de Nicolas Wadimoff (2018)

En 2013, une statue d’Apollon est retrouvée au large de Gaza. Témoin d’une civilisation antique Gazaouite ou victime collatérale du trafic d’antiquités ? Difficile d’y voir clair puisque cette sculpture a mystérieusement disparu 3 mois après sa découverte. Le réalisateur suisse Nicolas Wadimoff mène l’enquête.


Il y a un petit air d’Indiana Jones qui souffle sur ce documentaire. Tel le fameux archéologue aventurier, le metteur en scène se met en quête d’une antiquité disparue, en partant à la rencontre des principaux protagonistes qui ont gravité autour de cet étrange fait divers. Et comme dans toute bonne histoire romanesque, plus Indiana Wadimoff avance dans son investigation, plus la vérité s’éloigne : pêcheurs, orfèvres, archéologues, conservateurs, trafiquants d ’art, tous ont une version différente de l’histoire.
Plus que des versions alternatives, il s’agit avant tout de visions contradictoires que les intervenants projettent sur cette sculpture. L’histoire ne se passe pas dans n’importe quel territoire : Gaza, foulée par les civilisations les plus illustres mais plongée dans l’ombre de la Ville Sainte située à quelques dizaines de kilomètres. Dès lors, ce récit rocambolesque est prétexte à nourrir les fantasmes d’un peuple meurtri par des années de guerre : symbole d’une culture Gazaouite perpétuellement annihilée par le conflit israélo-palestinien, instantané de beauté et d’histoire au milieu d’un quotidien difficile rythmé par les coupures d’électricité, promesse de gloire et de fortune, levier politique pour les autorités au pouvoir, otage d’un conflit entre militaires et politique… Au fur et à mesure de ces diverses interprétations, le bronze devient relique et l’histoire cède la place au mythe. Oui, nous sommes bien en Terre sainte !


La réalisation de Wadimoff est frustrante. D’un côté géniale lorsqu’elle introduit chaque personnage avec des cadrages soignés et mouvements de caméra dignes d’un film de fiction, de l’autre beaucoup moins inspirée lors des entretiens à la forme très télévisuelle. On retiendra toutefois ces visions insolites du quotidien gazaoui, à des lieues de l’image morne et glauque transmise dans les médias. Il faut dire que ça n’est pas tous les jours qu’on présente Gaza à travers ce prisme qu’est le dieu des arts, du chant, de la musique, de la beauté, de la poésie et de la lumière.

el_blasio
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le 22 mars 2019

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