L'Apollonide, souvenirs de la maison close par SUNSELESS

Comment ne pas saluer le courage et le talent de Bonello, face à un sujet aussi sensible que la prostitution, qui, sans tomber dans de la pornographie gratuite, garde une certaine liberté ?

Il est clair qu'aux États-Unis, en Chine ou en Iran, le film n'aurait pas eu le même accueil, voire n'aurait jamais vu le jour.



Même si Bonello prend le risque de réaliser un film entre ennui et rejet, il a au moins l'ambition d'attacher autant d'importance et de travail, au niveau formel qu'au niveau du traitement du sujet.

Au niveau plastique, L'Apollonide est un véritable bijou. Un régal pour les yeux. (En toute subjectivité, car j'adore cette période XIX/XXème).
On est face à un sublime tableau. Au détour d'un couloir ou d'une chambre de velours rouge, dans une ambiance feutrée et saturée, on croise un peintre qui nous évoque Gustave Courbet dans sa quête de L'origine du monde, mais aussi des cascades de cheveux, des apparats luxueux ou des nudités décomplexées évoquant un Manet ou un Renoir. Tout dans l'esthétique est soignée.

Cette ambiance en vase clos, cette saturation des décors, ce baroque à outrance, permettent d'installer une atmosphère suffocante prévenant le drame.
Il y a dans cette oeuvre de Bonello l'impossibilité de s'échapper, tout comme ces filles au destin inéluctablement tragique. La scène en pleine nature apparait d'ailleurs comme un véritable bol d'air frais.

Sans m'attarder sur le jeu des apparences et l'envers du décors de la prostitution, qui sont explicitement présentés dans le film, on retiendra une citation troublante et aberrante qui soutient que les filles de joie ont une tête plus petite que la normale en raison de leur idiotie innée.


Enfin la scène finale est d'une laideur magnifique. Inattendue. Comme si le cinéaste avait fini de dérouler son argumentaire pour conclure par un : Et si on envisageait la réouverture des maisons closes ? Ou mieux encore : La fermeture des maisons closes a-t-elle vraiment changer quelque chose sur la condition (presque d'esclavage) des femmes réduites à la prostitution ?



SUNSELESS
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Je veux la même costumière.

Créée

le 11 nov. 2011

Critique lue 936 fois

26 j'aime

4 commentaires

SUNSELESS

Écrit par

Critique lue 936 fois

26
4

D'autres avis sur L'Apollonide, souvenirs de la maison close

Du même critique

Projet X
SUNSELESS
2

L'Adonisme des plaisirs.

Projet X n'est pas un film, Projet X n'est pas non plus du cinéma. Non Projet X est bien plus que ça. C'est une expérience sociologique et philosophique unique. Une expérience qui nous aide à...

le 31 mars 2012

143 j'aime

51

Tout ce qui brille
SUNSELESS
2

WTF ??

Euh déjà il faut m'expliquer comment deux filles qui sont censées vivre dans la cité possèdent 2 iPhones, des Repetto, des fringues Dior & autres marques dans le genre ? (L'avez-vous...

le 20 janv. 2011

85 j'aime

15

Orgueil & Préjugés
SUNSELESS
10

(Attention critique relativement subjective)

Beau, romanesque, éblouissant, exceptionnel, émouvant, poétique, bouleversant. Voilà comment je qualifierais ce film. Il m'a vraiment touché et je ne me lasse pas de le revoir. C'est une histoire...

le 30 janv. 2011

82 j'aime

15