Dans ce thriller-investigation sur la foi et ses mouvances l'auteur-réalisateur Xavier Giannoli a l'intelligence et la tolérance de ne pas trancher.
En effet, après une longue enquête, le journaliste Jacques Mayano, interprété avec une grande justesse par Vincent Lindon, est en proie au doute. Il a pourtant collecté un grand nombre de preuves qui tendraient à penser que ces apparitions de la Vierge perçues la jeune Anna ne sont que supercherie voire auto-suggestion. Oui mais voilà, trop d'infos tuent l'info, et le cartésianisme finit par s'autodétruire. Car Mayano est par ailleurs touché par la sincérité et le jusqu'au boutisme de la jeune Anna, novice dans un couvent. Même si rationnellement il ne croit pas ce phénomène surnaturel il décèle chez Anna une transcendance qui provoque chez lui un doute profond et qui remet en cause toutes se valeurs : et si finalement c'était possible ?
La mise en scène épurée et baignée d'une lumière sobre mais hypnotique distille ses climax avec beaucoup de subtilité et l'interprétation des comédiens est excellente, Lindon en tête avec son engagement et une concentration totale dans l'interprétation. La jeune Galatea Bellugi, incarnant Anna, est bluffante de sincérité et d'innocence, dotée toutefois de cette volonté farouche d'accéder à la sainteté quitte à y laisser sa vie par un jeune prolongé.
Ainsi Giannoli signe un très beau film, fort en émotion et troublant par le renvoi à nos propres interrogations : cet opus quasi mystique agissant comme une sorte de révélateur, une oeuvre au rouge comme dirait les alchimistes lors de la phase de sublimation.
Merci au réalisateur d'avoir eu le courage d'affronter ce sujet à haut risque et d'en retirer la quintessence !