Reporter de guerre au journal Ouest-France, traumatisé par la perte de son ami photographe lors d’une mission, Jacques Mayano (Vincent Lindon) va accepter, pour faire une pause, de rejoindre une commission spéciale que lui propose le Vatican pour participer à l’enquête canonique sur une affaire d’apparition de la Vierge dans un village des Hautes-Alpes qui commence à connaître une forte affluence de pèlerins et une exploitation commerciale du phénomène. On ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec Lourdes et l’histoire de Bernadette Soubirou, même si d’autres affaires d’apparition sont évoquées. Connaissant Lourdes pour y être allé quelques fois dans ma jeunesse, j’ai trouvé que dans ce film il y avait une parfaite reconstitution d’un lieu de pèlerinage à échelle réduite. Le rôle de la commission étant de déterminer si l’apparition mariale est authentique ou s’il agit d’une imposture, on suit alors Jacques, qui s’avère être le membre le plus sceptique, dans son enquête de recueil de témoignages autour des personnalités de la fragile Anna (interprétation impressionnante de Galatea Bellugi) et de ses troublants protecteurs, le père Borrodine, un prêtre franciscain qui dérange l’Eglise en refusant de coopérer avec sa hiérarchie, et Anton, homme d’église cupide. Malgré quelques libertés utiles néanmoins dans l’intrigue, le scénario est sans contexte la grande qualité du film de Xavier Giannoli. L’apparition est en effet un thriller bénéficiant d’une intrigue plutôt passionnante jusqu’à un épilogue qui nous laisse dans le même état que Jacques. On peut également apprécier la qualité d’interprétation par des personnages crédibles, des premiers rôles à la figuration. L’apparition sera pour moi l’un des meilleurs films de l’année et devrait obtenir quelques statuettes pour les Césars 2019.