Un travail d’orfèvre que ce film au scénario complexe et machiavéliquement bien ficelé, le tout enjolivé par une réalisation racée qui soigne ses cadrages et ses transitions. Le canevas amoureux de l’intrigue trouve son originalité dans cette narration alambiquée qui mélange avec brio flashs-back trompeurs et découpage à la "Rashomon" sans se prendre les pieds dans le tapis. Le casting impeccable insuffle l’incarnation nécessaire à la vie du récit en évitant ainsi que la prédominance du concept scénaristique n’éclipse trop les autres dimensions du film.
Même si j’ai personnellement du mal à concevoir Vincent Cassel en Casanova j’ai trouvé le reste de la distribution excellente, la jeune et lumineuse Monica Bellucci crève l’écran dans son rôle de femme fatale mais c’est Romane Bohringer qui fait la plus grosse impression en schizophrène passionnée. Le film s’achemine peu à peu vers le vaudeville et la tragédie en gérant ses rebondissements de main de maître jusqu’à opter pour un final jusqu’au-boutiste aussi frustrant que saisissant. Bref le genre de film de qualité qu’on n’est plus habitué à voir dans le cinéma français contemporain, pour un premier long métrage le réalisateur fait preuve d'une maîtrise bluffante.