Tueurs médiocres
S'il est évident que L'appât n'est sans doute pas le film de Tavernier le plus inspiré, il arrive malgré tout à capter la médiocrité des assassins. C'est une histoire toute bête, ça bande sur...
Par
le 16 juil. 2022
15 j'aime
Vu à l'époque au ciné, à l'âge de 16 ans, je vous laisse imaginer combien L'Appât, et en particulier Marie Gillain, m'avaient marqué...
Parce que si vous ne l'avez pas vu la Marie dans ce thriller, au-delà de très bien jouer la petite meuf d'une vingtaine d'années inconsciente et abrutie par le rêve américain, et essayant de se faire un max de relations masculines haut placées sans jamais coucher, sachez candides jouvenceaux que vous la verrez en slip et ses jolis tétés à l'air pas mal de fois ! Bon, je sais, maintenant y a YouPorn & cie, z'êtes blasés les mecs. Mais là c'est un film quoi, un vrai, et un bon en plus ! La portée n'est pas la même.
Le point fort de cette histoire où son personnage servira d'appât à son petit copain et à son pote pour piquer le fric au domicile de bourgeois apparemment pleins aux as, c'est la psychologie de ces trois djeun's paumés et complètement niqués par les années fric. Les trois ne pensent qu'aux thunes, et ont pour seules références le cinéma américain (en particulier Scarface, qui n'en demeure pas moins excellent), la pub et les clips (excellente bande-son)...
Le petit copain (Olivier Sitruc), sans emploi et manipulateur, souhaiterait ouvrir une boîte de fringues aux States, mais pour ça il lui faut investir avec du fric "rapide et facile" parce qu'à 25 ans si t'as pas déjà "réussi" t'es fini, selon lui. Un million de francs (à vos calculettes !) ferait l'affaire, et pour ça il pense à des cambriolages... Son pote (Bruno Putzulu - toujours aussi spécial mais plutôt bon ici) se prétend orphelin de la DDASS. Il vit avec le couple, et s'il semble un peu neuneu à première vue, ce glandeur inculte et premier degré se montrera doué d'une certaine intelligence pratique, aussi froid que psychologue, et par ailleurs très attiré par son impudique "colocataire", et on le comprend.... Le personnage le plus intéressant selon moi.
Sur la forme, Bertrand Tavernier rythme très bien l'ensemble, passant rapidement d'une scène à l'autre tout en conservant des dialogues intéressants, ou tout du moins utiles à la compréhension psychologique des protagonistes. En revanche, il y a peut-être un cambriolage de trop : le premier. Il dure et n'aboutit pas à grand-chose finalement, à part à nous montrer leur amateurisme. Et si la montée de la violence malgré eux n'a rien d'anodin, on a vu tellement plus puissant dans le genre que bon, c'est pas là-dessus que le film pourra se démarquer. Mais c'est plutôt le détachement, voire la légèreté (la perruque) et l'inconscience (les cadeaux), de ses jeunes gens pas vraiment antipathiques qui dérangent, interrogent et passionnent.
Tiens, une réplique résumant très bien l'esprit du film : "Ca va très vite de tuer, tout le monde peut le faire !"
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Bertrand Tavernier
Créée
le 1 févr. 2016
Critique lue 2K fois
15 j'aime
D'autres avis sur L'Appât
S'il est évident que L'appât n'est sans doute pas le film de Tavernier le plus inspiré, il arrive malgré tout à capter la médiocrité des assassins. C'est une histoire toute bête, ça bande sur...
Par
le 16 juil. 2022
15 j'aime
Vu à l'époque au ciné, à l'âge de 16 ans, je vous laisse imaginer combien L'Appât, et en particulier Marie Gillain, m'avaient marqué... Parce que si vous ne l'avez pas vu la Marie dans ce thriller,...
le 1 févr. 2016
15 j'aime
Le fait divers avait défrayé le chronique : une jolie jeune fille se faisait inviter par des hommes riches et permettait l’accès à deux complices qui venaient les cambrioler, torturant et assassinant...
le 20 avr. 2021
13 j'aime
Du même critique
Plutôt que de nous obliger à nous taper une énième rediffusion du Gendarme-et-de-je-sais-pas-qui sur M6 pour rendre hommage à Michel Galabru, Arte a eu le bon goût de rediffuser le grand drame qui le...
le 7 janv. 2016
54 j'aime
12
Bertrand Blier aurait, paraît-il, assez rapidement écrit le scénario de Buffet Froid en partant de l'un de ses rêves récurrents qu'il prête ici à son personnage principal qu'incarne Gérard...
le 14 juil. 2016
42 j'aime
14
J'avais complètement zappé la polémique quant à son interdiction aux moins de 18 ans à sa sortie, alors quand je me suis installé devant une diffusion de Martyrs sur Canal, je ne vous explique pas la...
le 13 mars 2016
41 j'aime
7