L'Argent des autres est un très bon thriller français réalisé par Christian de Chalonge, coécrit par Pierre Dumayet qui met en scéne Henri Rainier (joué par un excellent Jean-Louis Trintignant) un cadre (bouc émissaire) d'un très grande Banque dirigés par Miremant (excellent Michel Serrault), de Nully (joué par Gérard Séty) et Heldorff (joué par Jean Leuvrais)... qui va être licencier parce qu'il a dû consentir, en tant que fondé de pouvoir, des prêts importants à un homme d'affaires très entreprenant, Claude Chevalier d'Aven (joué par un excellent Claude Brasseur), mais sans véritable assise financière et ce en dépit de l'avis défavorable qu'il a formulé concernant ces engagements... Parmi les affaires qu'il lance, Chevalier d'Aven crée une SCPI qui draine l'argent de milliers de petits épargnants avant de les flouer, n'est pas sans rappeler le scandale de la Garantie Foncière survenu en 1971 (une affaire politico-financière française révélée en 1971, et qui met au grand jour les relations frauduleuses entre une société civile immobilière, La Garantie foncière, et le député gaulliste André Rives-Henrÿs, entraînant la démission de ce dernier et l'intervention de la COB)... Le personnage de la syndicaliste Arlette Rivière (jouée par Juliet Berto) est une évocation à peine voilée des débuts d'Arlette Laguiller, qui a commencé sa carrière au Crédit Lyonnais... De cette histoire inspirée de faits réels (cité précédemment) , Christian de Chalonge a su mettre en images les éléments fantastique qu'elle inspire et c'est a travers le souvenir d'Henri Rainier (Le bouc émissaire chômeur) que nous essayons de comprendre, de reconstituer le puzzle de cette invraisemblable escroquerie financière couverte par une Banque... lequel revit sa comparution devant les dirigeants de cette derniere lui annonçant son licenciement pour faute professionnelle, sous un éclairage a la bougie (a cause d'une panne d'électricité) ce qui rend ce tribunal semi fantastique... Le film qui est servi par un très bon casting (Michel Serrault est exceptionnel en directeur de Banque impitoyable, Francois Perrot : excellent en faux ami et sans oublié Catherine Deneuve qui joue Cécile l'épouse très compréhensible d'Henri Rainier...), oscille entre la représentation d'un passé traditionnel (La Banque dont l’honnêteté est mise a l'épreuve.. mais qui s'en sortira copmme toujours) et celle d'un futur professionnel incertain... De ces deux univers inquiétants, le personnage est rejeté, le premier l'utilise comme un bouc émissaire (ou plutôt un pauvre con... Le personnage principal finira ironiquement par travailler pour son faux ami... celui qui l'a trahi precedemment) et le second ne lui trouve pas les qualités nécessaires... Ce film (toujours d'actualité) est un réquisitoire très visionnaire sur le capitalisme ou on devient un exclu très facilement surtout pour un homme d'un certain age.