Pour une fois, je n'aurais pas du mal à résumer le film, car c'est exactement le même cas de figure que l'affaire opposant Jérôme Kerviel à la Société Générale en 2008, à ceci près qu'il a été réalisé trente ans plus tôt.
Jean-Louis Trintignant joue un banquier modèle mais qui se retrouve subitement licencié sans trop savoir pourquoi par sa hiérarchie. Il va apprendre plus tard qu'il a été le fusible d'un important scandale financier et qu'il a dû payer les pots cassés, alors que sa direction savait parfaitement ce qu'il faisait.
Pour des raisons professionnelles, je suis toujours content de voir l'univers de la banque, et qui plus est dans les années 70. Sauf qu'on est là dans les banques d'affaires (que je ne connais pas), avec les opérations à milliards de centimes.
Du coup, j'ai trouvé le film passionnant à voir, porté en cela par un Trintignant formidable, qui peut passer du calme à la colère en une fraction de seconde. Il y a une scène assez flippante, limite visionnaire, où il subit un entretien d'embauche dans une pièce blanche avec seulement une chaise, une table et un tapis qui peluche (ça a son importance), et un micro, car oui, la personne qui recrute n'est pas en face-à-face ! Quant on sait que des entretiens peuvent se dérouler actuellement sur Skype, De Chalonge n'était pas loin de la vérité...
Si Trintignant occupe la majeure partie du film, il y a aussi un excellent Michel Serrault (le patron de la banque), Claude Brasseur et Catherine Deneuve.
L'ambiance du film est très bien étudiée ; la lumière y est presque monochrome, les personnages paraissent tous sombres, et les rares scènes où l'on voit le siège de la banque ressemblent à la scène de fin de 2001 L'odyssée de l'espace, c'est dire si on a l'air ailleurs !
Bien que couronné de succès à sa sortie, au point d'avoir eu le César du meilleur film, L'argent des autres reste un film trop méconnu auquel il faut lui rendre justice et il dénonce avec trente ans d'avance les dérives d'un cetain type de système bancaire.