Revoir L'Arme fatale 2 de nos jours permet de tordre le cou à deux ou trois idées reçues.
Tout d'abord : non, les films d'actions qui ont plus de vingt ans ne sont pas totalement dépassés, démodés, désuets. Ce film se regarde avec un grand plaisir, et pas seulement chez les nostalgiques des années 80 ou les amoureux de Joe Pesci. Le cocktail d'humour et d'action, avec une pointe de drame, est parfaitement dosé.
Il faut dire qu'il y a du lourd au générique. A commencer par Shane Black au scénario. Il avait déjà écrit le scénario du premier opus de la série, ainsi que de Predator, dans lequel il avait joué. Ensuite, Richard Donner sait donner tout ce qu'il faut pour réussir le film, entre autre un sens incroyable du rythme (strictement aucun temps mort) et de la tension dramatique.
Mais une des plus grandes forces de ce film (et c'était déjà le cas dans le précédent), c'est la qualité de ses méchants. On a l'habitude de dire, suivant Hitchcock, que plus les méchants sont réussis, plus le film est réussi. Ici, nous en avons la preuve. Des vrais méchants, des Sud-Africains pro-Apartheid intouchables, car diplomates. Ce type de salaud qui vous donne envie de rentrer dans le film pour les friter. C'est eux qui donnent au film une grande partie de sa qualité.
Autre chose, déjà très perceptible dans le premier opus : une formidable montée en tension qui s'étend sur tout le film. Du coup, nous partons d'un fait banal (la protection d'un témoin) pour aboutir, petit à petit, à un déferlement de violence que nous savons apprécier, car le cinéaste a su parfaitement gérer la montée progressive en tension.
A cela, il faut ajouter que les scènes d'action sont très bien filmer. Donner nous montre que l'on n'est absolument pas obligé d'avoir recours à un montage épileptique pour faire de bonnes scènes d'action.
L'arme fatale repose sur l'idée d'un duo antithétique, et là aussi, on pourrait se dire que l'on a déjà vu, revu et archi-revu cela, que ce n'est même plus une idée tant ça a été rabâché. Et pourtant, ici, ça marche. Ça marche parce que les acteurs s'y collent à merveille, parce que les dialogues et les situations offrent suffisamment de diversité et d'intérêt. Ça marche aussi parce que l'on a deux personnages qui nous parlent : d'un côté le personnage romantique, solitaire meurtri qui cache sa douleur dans la folie apparente, vivant isolé d'une société qu'il déteste, et de l'autre le banal père de famille dans lequel peuvent se reconnaître une partie non négligeable des spectateurs. Le banal et l'extraordinaire, le quotidien et le romantisme. Depuis l'arrivée du film noir, le cinéma policier navigue bien souvent entre ces deux figures de l'enquêteur, le réaliste et l'irréaliste. Et même si le film a tendance à pencher du côté irréaliste (ce qui nous offre un spectacle absolument formidable), l'équilibre est maintenu pendant un certain temps.
Et cela nous apporte de l'humour également. Humour avec la publicité dans laquelle joue la fille de Murtaugh. Humour jubilatoire surtout dans cette scène où le même Murtaugh arrive au consulat d'Afrique du Sud pour demander un visa pour le pays raciste par excellence. Humour dans les répliques, humour de situation aussi, avec parfois un mélange des genres très réussi, comme dans la fameuse scène des toilettes piégées, qui parvient habilement à mêler du comique et de la tension dramatique.
A tout cela, il faut en plus ajouter la musique, toujours de bonne qualité, et la présence de la très belle Patsy Kensit