TEMPUS FUGIT ?

Après l'excellent Brazil, le talentueux et iconoclaste Terry Gilliam revenait brillamment à la SF avec l'adaptation de La Jetée de Chris Marker. L'histoire peut se résumer à un Bruce Willis qui voyage dans le temps pour enrayer la contamination du monde par un méchant virus (en avance sur son temps, donc). Comme à son habitude, le réalisateur fantasque nous livre un film étrange, une sorte de cauchemar éveillé pour James Cole qui erre dans le temps comme une âme en peine. L'Armée des 12 singes est à l'image de la bande son de Paul Buckmaster, il s'agit d'une œuvre troublante, une méditation sur les causes et les conséquences ainsi que sur l'inéluctabilité du temps. Le récit se révèle captivant car Terry Gilliam parvient à renouveler la narration avec des rebondissements bien sentis nous poussant à vouloir en savoir plus sur le virus et sur la manière dont Bruce Willis réussira à en trouver la source. Il y a un désespoir assourdissant qui parcourt l'Armée des 12 singes à l'instar de Brazil réalisé dix ans plus tôt, on peut d'ailleurs sentir la fatalité peser de plus en plus sur les épaules de James au fur et à mesure qu'il s'enfonce dans ce cauchemar sans fin. Rarement une œuvre n'aura réussi à retranscrire la tragédie du temps et l'inconséquence de l'humanité avec autant de maestria que celui-ci (la référence au Vertigo d'Alfred Hitchcock n'est d'ailleurs pas fortuite) et je le revois régulièrement avec toujours autant de plaisir, la marque des grands films. Du grand, du très grand Gilliam.