Sueurs froides pour Bruce Willis

Fidèle à son style, Terry Gilliam signe ici un film assez composite, où l'on retrouve par moments son habituel sens de l'absurde. Mais ici, c'est un absurde froid qui nous fait mieux rentrer dans l'ambiance glaçante mise en place par Gilliam, grâce une mise en scène âpre et tendue, qui bénéficie d'une belle photographie. Si l'atmosphère est parfois un peu trop glauque et le rythme un peu lent par moments, le casting est à peu près parfait. Le jeu de Bruce Willis sonne juste dans la désorientation de son personnage qui confine à la folie, Brad Pitt est extrêmement convaincant, horripilant à souhait en malade mental totalement investi dans sa cause et Madeleine Stowe n'est pas en reste, assez impressionnante en psychiatre que tout dépasse complètement. Le jeu de Christopher Plummer se passe de commentaires, puisqu'il n'y a rien à y redire, mais on peut regretter que les apparitions de Plummer soient aussi courtes.
Mais le plus remarquable dans ce film, c'est bien évidemment le scénario, à base de troubles psychiatriques, de voyages temporels et de faux coupables (le film semble d'ailleurs revendiquer une influence hitchcockienne, assez sensible), qui en a fait un grand classique du cinéma de science-fiction, à juste titre. Si le scénario retombe un peu au milieu du film, les scènes dans l'aéroport qui concluent le film sont absolument magiques, splendides dans la forme grâce à la mise en scène intense de Gillian, et la musique limpide (en tous cas, dans cette scène) de Paul Buckmaster, et excellentes sur le fond, complétant le puzzle de manière très claire (ce qui n'empêche pas une fin relativement ouverte, juste assez ambiguë pour qu'on se pose une certaine question sans être frustrés) qui contribue à faire de cette séquence un moment inoubliable dans l'histoire du cinéma de science-fiction.