Lorsqu'on lui a annoncé la mise en chantier d'un remake du cultissime "Dawn of the dead" de George Romero, le cinéphile de tout poil a sur le champ arboré une mine semblable à celle que ferait un tapir constipé. Quelques fans parmi les plus extrêmes ont même sacrifié quelques vierges à la pleine lune pour conjurer le sort. Même la réussite artistique du nouveau "Massacre à la tronçonneuse" de Marcus Nispel n'a pas suffit à calmer les nerfs du spectateur inquiet de voir un classique se faire fister dans les grandes largeur par un studio avide d'oseille. Puis vint la lumière.

En une seule intro, le nouveau venu Zack Snyder et son scénariste James Gunn balaient d'un revers de main toutes les craintes, fondées ou non. En dix petites minutes, le futur réalisateur de "300" met un poing sur la table et l'autre dans la gueule de tous les perplexes du monde entier (dont votre humble serviteur qui a encore mal à la mâchoire), plantant son décor avec une efficacité redoutable, prenant ses distances de manière drastique avec l'oeuvre d'origine et surtout, nous dépeignant une apocalypse à hauteur d'homme qui se colle à notre rétine pour ne plus nous lâcher.

Si l'on perd dans cette entreprise de remise aux goûts du jour la charge politique et l'humour grinçant de Big George, on y gagne assurément un sens du spectacle indéniable, Snyder n'ayant pas son pareil pour nous plonger dans une ambiance à la fois flippante et badass, tout en prenant bien soin de mettre en scène des personnages attachants, pas seulement de la simple chair à zombie. Pari réussi à quelques exceptions prêt (la bimbo, les deux post-ados et le connard ne servent à rien), chaque personnage parvenant à se faire sa petite place, grâce notamment à un casting impeccable, dont un Ving Rhames impérial.

Shootant des morts-vivants next gen directement hérités du "28 jours plus tard" de Danny Boyle, Znyder parvient à dynamiter un genre tombé dans le Z le plus total, apportant une énergie rageuse à un script classique, sa mise en scène n'étant pas encore gangrénée par des effets de style outrancier qui plomberont ses essais suivants. Le cinéaste étonne d'ailleurs dans sa représentation de la violence, certes stylisée, mais filmant les armes à feu comme de purs instruments de mort et de destruction. Inattendu de la part d'un membre de la NRA.

Fonctionnant d'avantage comme un ride vénère et frénétique que comme une parabole sur le consumérisme de la société actuelle, ce nouveau "Dawn of the dead" constitue au final une agréable surprise et même le haut du panier de la vague de remake qui allait s'abattre sur le petit monde de l'horreur, avec les ignominies que l'on connait. Quand à Zack Snyder, le gus allait continuer une carrière fascinante placée sous le signe de la générosité, s'aliénant pour le coup un grand nombre des cinéphiles qui ne voit en lui qu'un total abruti. Dommage pour eux.

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le 19 mai 2013

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Gand-Alf

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