L’armée des ombres (1969)
Juin 1942, Philippe Gerbier, l’un des principaux chefs de la Résistance, est arrêté et emprisonné pour “pensées gaullistes”. Il va réussir à s’échapper et va rejoindre son organisation secrète à Marseille.
Réalisé par : Jean-Pierre Melville
Écrit par : Jean-Pierre Melville adapté du roman du même nom de Joseph Kessel
Avec : Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Meurisse, et Serge Reggiani
Mon Melville préféré. Enfin, je ne me perds pas dans son scénario. Cela m’a permis d’apprécier pleinement son style et cette aventure hors du commun. Son film le plus accessible, la couleur aide je pense.
Parlons du gros problème que j’avais eu sur Le Doulos et le Deuxième Souffle, le scénario.
Melville est un cinéaste pur, c’est-à-dire que ses films montrent les choses, ils ne les expliquent pas. En ce sens, il suit la fameuse règle d’or américaine : “Show, don’t tell”. Trop de mauvais films expliquent constamment ce qui est en train de se passer. C’est un écueil à éviter surtout quand on choisit des thèmes graves qui demandent de la sobriété, du silence.
L’armée des ombres réussit l’exploit de proposer au spectateur un scénario relativement complexe sans trop de paroles, simplement en montrant. Pour la première fois devant un Melville, j’ai suivi le fil conducteur de l’histoire sans trop de difficulté là où sur le Doulos et le Deuxième Souffle je m’étais éparpillé.
La mise en scène est splendide. Avec des couleurs très sombres de bleu, noir, gris, nous sommes complètement plongés dans une atmosphère lente, silencieuse où la mort rôde à chaque virage. Cette atmosphère paranoïaque est sublimée par une formidable utilisation des voix-off qui nous fait subtilement entrer dans la tête des personnages. Ce film est une démonstration de cinéma concernant l’utilisation de la lumière dans un film noir. Les mouvements de la caméra sont fluides, lents et servent bien le rythme du film. On notera la toute première scène qui est tout bonnement magistrale (le mec a privatisé les champs-elysées) et la virtuosité de l’utilisation des espaces studios.
Sur le jeu d’acteur je ne cache pas que voir Lino dans un registre plus distingué qu’à l’habitude n’est pas désagréable. Simone Signoret avec sa voix, sa gueule, dégage une vraie assurance, une vraie force de caractère. Après avoir vu le Deuxième Souffle, je regrette simplement un manque d’humour ne serait-ce que très fin chez Paul Meurisse qui aurait pu apporter un peu de respiration dans cette ambiance étouffante. Après j’ai conscience que le thème du film ne s’y prête pas.
L’armée des ombres est un bel hommage stylisé aux héros de la résistance française qui ont bravé tous les risques pour sauver leur pays. N’oublions jamais le non-sens des actions que cette guerre a déclenché.
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