Lino Ventura. Acteur mytique dont je n'ai vu...aucun des films à l'exception des Tontons Flingueurs (que je n'ai pas vraiment apprécié malgré ces qualités). Mais récemment j'ai entendu parler de ce film réalisé par Pierre Melville et qui en tête...des meilleurs films français notés par les Sens Critiqueurs. Ouais ! Carrément ! Bon ben du coup j'ai décidé d'aller le voir en avant première. Alors es-ce que je l'ai aimé ou non ? Et Ben
OUAIS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Un film en 3 parties à l'esthétique sombre
Ce film est vraiment bien maîtrisé en terme de réalisation et de langage cinématographique. Le réalisateur a fait un sacré travail de fond au niveau de l'esthétique et des plans. Toujours sombres à souhait. Il a aussi fait un super travail de clair obscur sur de nombreux plan, surtout au niveau des personnages. Chaque cadre est symptomatique du trait de caractère des personnages et cela se voit
Des personnages qui en imposent ou ... pas
Les personnages sont tous bien présents et bien traités.
En premier lieu nous avons Philippe Gerbier (Lino Ventura), le fidèle bras droit du grand patron Luc Jardie. Il s'agit de mon personnage préféré. Il est un personnage froid et craint aussi bien des allemands que de ces proches collaborateurs, mais face à ces derniers, il se montre aussi paradoxalement plus paternaliste voici une de ces répliques :
Le Masque : C'est la première fois que je tue de cette façon
Philippe Gerber : Nous aussi.
Il est une personne très influente et le réalisateur pendant une bonne partie du film le montre souvent dans l'ombre pour qu'il est un vrai sens de la menace ou dans la lumière pour qu'il en impose un peu plus . Il n'a pas de background ou de proches, mais cela le rend encore plus mystérieux.
Autre personnage intéressant, Jean-François Jardie, fils de Luc Jardie et interprété par Jean-Pierre Cassel. C'est un nouveau venu intégré par son père et une bonne partie du film est aussi centré sur lui. Il n'est pas particulièrement intéressant ou charismatique que Philippe Gebert, mais est bien dans afin de rendre compte du fonctionnement de la résistance de l'extérieur. Sa mort était vraiment poignante et témoigne de aussi de la grande cruauté de l'occupant face aux résistants.
Luc Jardi (joué par Paul Meurisse) est un patron énigmatique et père de Luc. Quand je l'ai vu pour la première fois , j'ai cru que c'était la version de Pierre Melville de Jean Moulin. Il en impose , est respecté par tous ces hommes et est un parfait érudit. Le fait qu'il sourit tranche avec le visage stoïque de Philippe Gerber. Il a toujours le dernier mot et est très respecté.
Et enfin Mathilde (jouée par Simone Signoret), est un personnage que j'ai cru secondaire au début mais qui prend de l'importance après l'arrestation de Félix Lepercq (joué par Paul Crauchet). Elle a presque une figure maternelle pour l'organisation de la résistance.
D'ailleurs : sa mort qui survient à la fin du film est symptomatique de l'échec de l'organisation. En effet, alors que tous les membres se considèrent comme membres d'une même famille, elle a toujours conservé une photo de sa fille alors qu'elle était consciente de la dangerosité.
Enfin, Félix Lepercq qui est le proche collaborateur à Philippe Gilbert est plus secondaire que les autres mais tout de même important. Sa capture, change le film à lui tout seul en donnant un peu plus d'importance au personnage de Mathilde, mais aussi met en danger l'organisation.
Les autres personnages sont plus ou moins importants mais ont tous une bonne présence à l'écran comme le Vison (Christian Barbier ) et le Masque (Claude Mann ), les 2 gros bras de l'organisation. Ils sont tous bien traités, malgré l'absence évident de Background.
Une histoire sombre mais difficilement situable
L'histoire est particulièrement bien raconté, mais assez difficile à suivre. En effet on part pendant une petite partie, on croit qu'on a affaire à un homme qui veut s'évader et on le voit rejoindre la résistance. Puis on le voit diriger une organisation avec des collaborateurs avec lesquels il essayent de retrouver ceux qui l'ont trahi, et brusquement on ne le suis plus afin de suivre le fils de son patron jusqu'à sa capture. L'ensemble du film est donc assez hétérogène et presque sans lien. On pourrait reprocher que même s'il s'agit d'un film sur les résistants pendant l'occupation allemande sans que la guerre ne soit vraiment évoquée (même si on voit Charles De Gaulle (joué par Adrien Cayla-Legrand ) faire un caméo lorsque Philippe se retrouve en Angleterre) et il y a quelques facilités scénaristiques assez évidents
On le voit s'en sortir lors de sa condamnation à mort alors que tous les autres ne s'en sortent pas.
Malgré tout ça, l'histoire est incroyable et bouleversant. C'est un film qui m'a pris vraiment au trippe, ce qui est rare que je ressente ça pour un film français.
Bref un très bon film français des années 70 et qui m'a donné envie de voir les autres films de l'auteur. Un classement de Sens Critique hautement mérité !
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