Au contraire des grosses machines de guerre hollywoodiennes au ton héroïque et spectaculaire, la France montre un autre côté de la guerre, celle où on célèbre la dignité et le sacrifice de certains Français face à la présence nazie. Le film, adapté du roman de Joseph Kessel, en est un brillant exemple. Melville s'éloigne de l'imagerie d'une Résistance héroïque et construit son film comme le roman, sur les relations humaines d'un réseau de résistants affrontant le danger et la solitude, avec leurs contradictions et leurs ambiguïtés, leurs convictions idéologiques et leurs faiblesses. Le réalisateur insiste sur la notion de la clandestinité telle qu'elle fut ressentie par ces combattants de l'intérieur pour gêner l'occupant, alors qu'ils sont épiés par la police de Vichy et la gestapo. Même s'ils ne sortent pas victorieux de leur combat, on comprend et on respecte le sens de leur action. Présenté comme ça, le film peut sembler austère et rigoureux dans sa lenteur à examiner ces acteurs de l'ombre, mais c'est ce qui fait sa force, surtout qu'il est servi par des comédiens constamment remarquables dans certaines scènes poignantes (lorsque Ventura doit courir dans un long corridor), ou d'autres de pur suspense, telle celle où un petit groupe s'introduit déguisé en infirmiers dans l'enceinte du Q-G allemand. Un film bouleversant et vrai.