The right bluff
La présentation du protagoniste de l’arnaqueur est d’une belle ambiguïté : feignant d’être un joueur du dimanche ayant un peu abusé de la bouteille, Eddie fait monter les enchères sur des paris au...
le 12 oct. 2016
27 j'aime
2
Le billard représente l’un des sports les plus ennuyeux, non seulement à jouer (tenir plus d’une heure relève de l’exploit) mais surtout à regarder. Comment par conséquent arriver à intéresser le spectateur en centrant son film sur cette thématique ?
D’autres s’y cassèrent d’ailleurs les dents – et pas des moindres : en l’occurrence Scorsese, admirant cet arnaqueur, et qui en tourna la suite, la couleur de l’argent, avec un résultat assez médiocre. Or R. Rossen la joue à merveille :
- avec un magnifique noir et blanc, signé Eugen Schüfftan (Metropolis, le quai des brumes, entre autres), dont presque toutes les prises sont excellentes ;
- un Paul Newman parfaitement dirigé (incarnant Eddy the fast, hustler rusé mais sans instruction, assez innocent au fond, arrogant et parfois violent car manquant de confiance en lui, voulant vaincre à tout prix les autres mais luttant d'abord contre lui-même), tout comme les acteurs secondaires, tous remarquables, de Piper Laurie (sa compagne Sarah dans le film, étudiante alcoolique et intello, soumise car éperdument amoureuse de sa petite canaille de joueur de billard pour qui elle donnerait la vie), à Jackie Gleason, (Minnesota Fats, acteur comique à la base mais on ne peut plus sérieux ici, ultra convaincant en champion impossible à faire bouger), en passant par George C. Scott (Bert Gordon dans le film, le manager, à la psychologie aussi perverse que ses cachets) ;
- une très fine caractérisation des personnages, à la grande profondeur psychologique ;
- et enfin et surtout un excellent scénario, très intelligent dans sa construction, laissant le protagoniste se développer librement malgré les liens qui l’attachent et l’addiction qui ne le lâche pas, avec une fin qui se détourne du film noir en permettant au protagoniste d’échapper à son fatum.
Un classique, pas forcément très connu mais hautement recommandable.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 3 mars 2021
Critique lue 52 fois
D'autres avis sur L'Arnaqueur
La présentation du protagoniste de l’arnaqueur est d’une belle ambiguïté : feignant d’être un joueur du dimanche ayant un peu abusé de la bouteille, Eddie fait monter les enchères sur des paris au...
le 12 oct. 2016
27 j'aime
2
Cinéaste sensible et cérébral, plutôt méconnu en France et victime des persécutions maccarthystes, Robert Rossen a injecté sa détresse et un besoin de retrouver sa dignité dans ce film qui est...
Par
le 3 août 2018
21 j'aime
14
L'introduction de L'Arnaqueur est géniale, tout est dedans, on découvre Eddy, feintant de ne pas être si bon et de ne pas tenir l'alcool, d'un coup s'illuminer pour arnaquer son opposant au billard...
le 19 mars 2024
15 j'aime
9
Du même critique
Reconnaissons d'abord le mérite de Luca Guadagnino qui réussit à créer une ambiance - ce qui n'est pas aussi aisé qu'il ne le paraît - faite de nonchalance estivale, de moiteur sensuelle des corps et...
Par
le 17 janv. 2018
30 j'aime
1
Comédie romantique de ciné indé, au ton décalé, assez girly, un peu cheesy, pour grands enfants plutôt que pour adultes, bien américaine, séduisante grâce à ses acteurs (Saoirse Ronan est très...
Par
le 18 janv. 2018
26 j'aime
2
Pedro Costa soulève l'éternel débat artistique opposant les précurseurs de la forme pure, esthètes radicaux comme purent l'être à titre d'exemple Mallarmé en poésie, Mondrian en peinture, Schönberg...
Par
le 25 mars 2020
11 j'aime
11