Vaincre les autres et lutter contre soi-même

Le billard représente l’un des sports les plus ennuyeux, non seulement à jouer (tenir plus d’une heure relève de l’exploit) mais surtout à regarder. Comment par conséquent arriver à intéresser le spectateur en centrant son film sur cette thématique ?


D’autres s’y cassèrent d’ailleurs les dents – et pas des moindres : en l’occurrence Scorsese, admirant cet arnaqueur, et qui en tourna la suite, la couleur de l’argent, avec un résultat assez médiocre. Or R. Rossen la joue à merveille :
- avec un magnifique noir et blanc, signé Eugen Schüfftan (Metropolis, le quai des brumes, entre autres), dont presque toutes les prises sont excellentes ;
- un Paul Newman parfaitement dirigé (incarnant Eddy the fast, hustler rusé mais sans instruction, assez innocent au fond, arrogant et parfois violent car manquant de confiance en lui, voulant vaincre à tout prix les autres mais luttant d'abord contre lui-même), tout comme les acteurs secondaires, tous remarquables, de Piper Laurie (sa compagne Sarah dans le film, étudiante alcoolique et intello, soumise car éperdument amoureuse de sa petite canaille de joueur de billard pour qui elle donnerait la vie), à Jackie Gleason, (Minnesota Fats, acteur comique à la base mais on ne peut plus sérieux ici, ultra convaincant en champion impossible à faire bouger), en passant par George C. Scott (Bert Gordon dans le film, le manager, à la psychologie aussi perverse que ses cachets) ;
- une très fine caractérisation des personnages, à la grande profondeur psychologique ;
- et enfin et surtout un excellent scénario, très intelligent dans sa construction, laissant le protagoniste se développer librement malgré les liens qui l’attachent et l’addiction qui ne le lâche pas, avec une fin qui se détourne du film noir en permettant au protagoniste d’échapper à son fatum.


Un classique, pas forcément très connu mais hautement recommandable.

Marlon_B
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le 3 mars 2021

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Marlon_B

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