Ça ne dit même pas s'il a envoyé des DickPic !

J'y croyais pas trop a priori. Puis je me suis laissé prendre par la narration et puis ça m'a emmerdé.

En fait, cette histoire est assez impressionnante : jusqu'où un mec est prêt à aller pour arnaquer des jeunes femmes et comment il tire parti de ses situations folles pour en rajouter une couche. Dommage qu'on ne nous dise pas comment il a fait ses premières armes, parce qu'il n'a certainement pas pu dès le début prendre des jets privés pour impressionner ses conquêtes. D'ailleurs son retour en force après un bref passage en prison aurait été l'occasion de mieux creuser cet aspect. Mais ce n'était pas la volonté de l'auteure qui voulait qu'on suive les victimes et leur vengeance.

Vengeance ? Oui parce que c'est comme ça que le film est présenté : trois femmes ont décidé de ne pas se laisser faire. En lisant ça, je m'attendais donc à une escroquerie ou des plaintes qui prendraient une bonne partie du film. Au lieu de ça, on détaille les arnaques pendant les 3/4 du film et seules les 20 dernières minutes sont consacrées à une vengeance mais ce ne sont pas les trois femmes qui s'allient pour arnaquer l'escroc, c'est juste l'une d'elle qui décide de le faire et qui demande parfois des renseignements aux deux autres. Pas très jouissif non.

De plus, on est dans le ton de ces émissions télé où des gens s'expriment face caméra sur ce qui leur est arrivé avec en parallèle des extraits, photos d'archive ou des reconstitutions. C'est pas mal fichu en soi, mais ça devient lourd, surtout quand on accentue la victimisation ou bien que les victimes parlent pour ne rien dire comme ça arrive souvent dans ce genre de truc. Ainsi, on constate de grosses retombées narratives, un manque de rythme flagrant une foi que tout est dit, et surtout une grosse déception quand on constate à quel point la vengeance est faiblement développée, mais étirée et racontée comme si c'était super intelligent et difficile à comprendre (c'était une bonne idée, oui, mais ça ne valait pas le coup de raconter de cette manière).

C'est un peu bordélique aussi, parce qu'on suit les deux victimes principales en même temps ; c'est pertinent dans le sens que ça permet de comprendre que pendant qu'il demandait de l'argent à l'une il pouponnait l'autre (pour pouvoir lui demander de l'argent plus tard), mais le passage de l'une à l'autre est tellement brutal qu'on s'y perd un peu par moment.

Il est difficile aussi de ne pas avoir envie de cracher sur les victimes ; je ne pense pas que ce soit nécessairement à cause de leur naïveté, on en est tous venus un jour à faire confiance à quelqu'un qui aurait pu nous arnaquer d'un peu ou de beaucoup, c'est un peu dans la nature humaine, l'empathie et tout ça. Non, ce qui est maladroit pour moi, c'est l'introduction de la première victime qui passe pour une cruche avec son envie de prince charmant et tout. On la croirait déphasée de notre réalité.

Niveau mise en scène, c'est pas le genre de truc qui m'intéresse : les interviews sont chiantes, les archives arrivent toujours de manière racoleuses. Mais bon, c'est rythmé et les reconstitutions sont plutôt bien faites : ce sont vraiment des séquences qui font liens entre les interviews face caméra et les archives : ainsi on ne voit jamais de visages, juste des mains qui se donnent des choses, ou bien des décors pour situer le lieu de l'action, et ça suffit, c'est convaincant.

Il est vraiment dommage que le bougre n'ait pas accepté de jouer dans le film. Par contre la manière dont l'auteure place sa réponse négative (je vais vous poursuivre) est très mal venue : d'un coup on sent que l'auteure voulait le faire passer pour un connard alors que jusque là elle s'était un peu retenue quand même.

Bref, pas top top.