Je me souviens d'un truc qui m'avait marqué : ce film fut le premier à inaugurer la chaîne Canal + qui en novembre 1984 émettait fébrilement, autant dire que la direction avait misé sur du cinéma grand public pour attirer et satisfaire des abonnés.
14 ans après le Cerveau, le film réunit à nouveau un tandem habitué du box-office français : J. P. Belmondo qui connaissait encore une belle période, et Gérard Oury, le spécialiste de la comédie spectaculaire à gros budget. Ce sera sans aucun doute le dernier vrai bon film de ce dernier, car il faut bien l'avouer, L'As des as est rigolo, tourne en dérision une période tragique, propose de l'action et un festival belmondesque, mais Oury nous a vraiment habitué à mieux ; je sais pas, il manque un petit truc qui fait que son film reste inférieur à la qualité exceptionnelle de la Grande vadrouille, du Corniaud et des Aventures de Rabbi Jacob. Ceci dit, il y a quand même de bonnes choses, le film fait passer un bon moment, Oury connait son métier. Sur une toile de fond historique, il concocte un cocktail d'humour, d'action et d'émotion (la situation dramatique étant dosée avec sensibilité), en envoyant Bébel dans un rocambolesque parcours du combattant, histoire de se fourrer dans des situations catastrophiques, talonné par la police du Troisième Reich, car on est aux portes du nazisme, à l'occasion des Jeux Olympiques de Berlin en 1936.
Certaines situations sont vraiment comiques (notamment les scènes chez Hitler, avec la soeur), d'autres sont attendrissantes avec le gamin juif, et la star Belmondo donne le meilleur de lui-même avec sa faconde habituelle. Le film suit une progression aux engrenages parfaitement calibrés, où le cinéma de Gérard Oury déclenche automatiquement un feu d'artifice de sensations fortes et de rires, même si c'est en-dessous de ses chefs-d'oeuvres précédents comme je l'ai dit. En plus, il faut supporter Marie-France Pisier que je n'aime pas, mais c'est pas bien grave, elle n'est pas dans toutes les scènes, gardons à l'esprit que c'est un film populaire agréable avec un rôle taillé sur mesure pour Belmondo, il reste juste un peu moins mémorable que les autres d'Oury.