L’As des as, c’est Gérard Oury qui se repose sur ses lauriers et veut rejouer son grand succès La Grande Vadrouille : on reprend les nazis on se saisit en tête d’affiche d’une pointure du cinéma populaire à laquelle on offrira son meilleur résultat au box-office, et c’est parti. L’erreur la plus probante résulte du scénario guère concluant qui se contente de caricaturer à outrance le régime hitlérien sans penser le comique comme arme concrète pour penser l’horreur. Ainsi Belmondo se mue-t-il en clown burlesque totalement malvenu dans une Allemagne ridiculisée ; le contexte se trouve simplifié de la pire manière qui soit, la mise en scène soignée retrouve ses courses automobiles qu’Oury filme toujours à la merveille. Surtout, L’As des as ne provoque qu’un faible rire, engendre un malaise léger parce qu’on ne sait guère sur quel pied danser : trop grotesque pour jouer la carte un tant soit peu sérieuse, trop moralisateur pour jouer la carte du potache, le film semble se revendiquer porte-drapeau du Résistant bien-pensant bien-agissant qui prend tout par-dessus la jambe tout en tournant chaque fait chaque symbole en dérision. Cette tension constante résonne comme l’aveu d’un à peu près cinématographique divertissant mais sans plus qui laisse en bouche un arrière-goût des plus déplaisants.