Julian Gilbey offre avec Rise of the Footsoldier un spectacle d'une rare violence.
L'histoire de ce hooligan devenu caïd criminel est brillamment narrée, pourvue d'un rythme complètement frénétique et halluciné. L'avantage est qu'on ne s'ennuie pas une seconde et on rentre vite dans le vif du sujet sans penser à autre chose. Mais le montage, bien que dans l'ensemble très réussi, aurait parfois été moins indigeste si la caméra se détachait de son jokari pour enfin arrêter de bouger dans tous les sens (surtout en début de film). Malgré quelques sursauts parkinsoniens, les cadrages restent tout de même très corrects, et les mouvements de caméra desservent un bon tempo. On remarque aussi une réalisation plutôt originale, avec quelques scratches, images brûlées et cuts graphiques bien sentis, ce visiblement sans un budget faramineux. Comme quoi, on peut être fauché et avoir des idées.
Les personnages quand à eux sont excellents, des durs de durs sous stéroïdes, un brin sadiques, prêts à déglinguer des gueules à coup de matraque s'ils n'ont pas la pizza de leur choix, ou si tu as le malheur de faire une blague qu'ils n'ont pas compris. Les comédiens sont bien investis dans leur rôle et délivrent une performance bien amenée, entre leurs sautes d'humeurs, leurs éclats de rires ou leur tronche de dix mètres. Ils mériteraient qu'on s'attarde plus sur leur état mental.
Malgré toutes ces qualités, j'ai été un peu rebuté par l'animosité du film. On dirait que le réalisateur prend un plaisir sadique à injecter de l'ultra-violence dans chacun de ses plans. Dans certains cas, cela fonctionne à merveille car nous sommes immergés dans cette époque brutale qui s'est abattue dans les villes britanniques. Malheureusement, à mon sens trop de plans sont gratuits et ne font qu'alourdir le propos du film. Par exemple, on nous montre même des événements violents qui auraient pu se passer... Comme si Gilbey voulait absolument remplir l'écran d'hémoglobine, quitte à même tourner plusieurs suites possibles à son histoire pour bien se faire plaisir sur des meurtres affreux, sans vraiment approfondir la psychologie de ses personnages. D'ailleurs, le film s'en trouve rallongé, et on a du mal à voir venir la fin tellement il se perd dans sa démonstration d’agressivité sans nous apprendre grand-chose biographiquement parlant.
Un petit bémol aussi sur la voix off : le début m'a un peu soûlé, parce qu'au lieu de communiquer les informations par l'image et les dialogues, le narrateur raconte un peu ce que le réalisateur n'a pas su mettre en scène. Ce côté "Affranchis" n'était pas indispensable selon moi, même si au final le film trouve son rythme de croisière et parviens à nous captiver. La voix off se fait plus efficace et arrête enfin de décrire bêtement les situations.
Pour conclure, on peut saluer la qualité de la réalisation, mais regretter légèrement les excès du film, qui aurait pu lever un peu le pied sur le sadisme.